Les travailleurs, par nature, ne sont pas prêts à sacrifier le présent sur l'autel de l'avenir, notamment pour ce qui concerne le pouvoir d'achat dans un contexte où la vie est si dure du fait que, depuis longtemps, le pouvoir d'achat a connu une baisse très importante avec la dévaluation du dinar, le gel des salaires et la libération des prix. Toutes les attentions se portent sur les salaires alors que, bien sûr, cela n'en constitue qu'un des éléments, mais peut être le plus important car, en tout cas, c'est l'élément qui est le plus maniable et qui est l'objet d'une réévaluation après une forte pression exercée par les travailleurs.
Il y a bien sûr les prix qui participent de l'évolution positive et négative du pouvoir d'achat, mais ceux-là échappent à toute manipulation par les travailleurs. Il est déjà arrivé que des émeutes soient de par le monde provoquées par une augmentation brutale des prix de produits de première nécessité. Tout près de nous, il y avait le cas Tunisien qui avait obligé l'ancien président à intervenir pour annuler l'augmentation du pain. Malheureusement pour la Tunisie, c'est encore le cas avec le président qui a succédé à feu Bourguiba. Deux présidents pour le même problème. C'est à croire, qu'il n'y a pas seulement que le cas Sakiet Sidi Yousef qui unit nos deux pays. Chez nous, les manifestants d'octobre 88 avaient brandi des sacs de semoule, vides bien sûr. Dans les deux cas, le prix de la semoule était soutenu. En Tunisie et en Algérie. Le soutien des prix des produits de première nécessité participe de la protection du pouvoir d'achat. Il y a donc les salaires et les prix qui déterminent en général la valeur du pouvoir d'achat. Mais, quand on dit prix, il faudrait entendre « taxes ». Celles ci sont trop élevées. Le trésor rançonne les consommateurs. Les prix, dit-on, dépendent de la loi de l'offre et de la demande. Ce serait exact dans une véritable économie de marché. Mais, ce n'est pas le cas pour nos deux pays. Où est la concurrence? Or, il est en général plus facile d'augmenter les salaires que de diminuer les prix. Mais lorsque les émeutes sont là, les pouvoirs publics recourent à une solution d'urgence, à savoir diminuer ou quasiment supprimer les taxes. Miracle.