L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, connu pour avoir quitté le sérail afin de ne pas cautionner certains dépassements -«J'ai démissionné parce que j'ai vu l'Etat dériver et le pays avec», avai-il déclaré à un confrère qui l'interviewait-, a fait parvenir hier à notre rédaction un communiqué dans lequel il appelle les forces vives du pays à s'unir autour de revendications à même d'apporter le changement dans le pays. Il donne tout de go le ton en soutenant que «la Nation est en danger et le pays est à la dérive», en estiment que le moment est venu de se solidariser avec la jeunesse algérienne qui aspire à un monde meilleur. «Les mécontents, c'est-à-dire l'immense majorité de notre peuple, n'ont aucune confiance dans ce pouvoir», fait remarquer M. Benbitour qui note que cela n'est pas pour favoriser une réaction positive aux gestes des autorités en place. «C'est (donc) l'impasse!» à ses yeux et «cette double violence du pouvoir et de la société menace de devenir incontrôlable à tout moment». D'aucuns considère que l'allusion, ici, n'est pas loin du vent qui a soufflé sur Tunis. «Le rassemblement auquel nous appelons tous nos concitoyens se fixe les objectifs immédiats» qu'il énumère en trois points: «Unifier les forces du changement, pour obtenir l'instauration des conditions minimales du changement pacifique: la levée de l'état d'urgence, l'ouverture du champ politique avec la possibilité de créer de nouveaux partis politiques représentatifs de la population et de la jeunesse en particulier, ainsi que l'ouverture du champ médiatique. Promouvoir par une saine compétition politique arbitrée par le peuple lors d'élections non manipulées, l'arrivée à tous les échelons du pouvoir, d'une nouvelle génération de dirigeants politiques, compétents et honnêtes, aptes à mener un véritable programme de développement assis sur un projet démocratique et moderne et à bâtir des institutions et des mécanismes de gouvernance et de fonctionnement solides et modernes. Et enfin sauvegarder les ressources de l'Algérie par la mise en œuvre des prérogatives de contrôle sur l'exécutif d'un Parlement légitime en ce qui concerne les recettes d'hydrocarbures.» M. Benbitour ne manque toutefois pas, dans son communiqué, de mettre en garde contre la récupération d'un tel appel en défendant les opportunistes «d'utiliser le combat de la jeunesse de 2011 à des fins personnelles ou idéologiques, ni d'attiser la violence entre Algériens, ou de prôner l'anarchie ou l'effondrement de l'administration ou de l'Etat».