C'est dans un document intitulé «Manifeste pour une Algérie nouvelle» qu'Ahmed Benbitour revient à la charge pour demander de réels et profonds changements politiques dans le pays parce que, note-t-il de prime abord, «la Nation est en danger». Pour l'ancien chef du gouvernement qui avait démissionné de son poste pour marquer son opposition, affirmait-il, à une situation qui montrait des signes d'écarts, le moment est venu pour «exprimer notre solidarité avec notre jeunesse» qui fait continuellement «face au désespoir», ce qui la pousse à opter pour la violence comme si cette solution était «le seul moyen de règlement de conflits parmi les individus et entre les individus et l'Etat». En visionnaire, le politique voit dans cette double violence une réelle menace sur le devenir du pays, prévoyant des dérives incontrôlables «à tout moment». Cette vision est faite sur la base de ce qui s'est passé en Tunisie où le sentiment d'injustice a poussé à des embrasements majeurs. «Ce qui prime, aujourd'hui, c'est une prise de conscience collective» et c'est en ce sens qu'il est à lancer son message en faveur d'un «changement du système de gouvernance dans le calme et la sérénité». Il appelle ainsi à une adhésion à son Manifeste dans lequel il appelle à «la constitution de cercles d'initiative citoyenne pour le changement, pour créer dans la société civile les espaces de négociation et de proposition, pour prévenir toute action visant à attiser la violence entre Algériens ou prônant l'anarchie ou l'effondrement de l'administration ou de l'Etat». Il maintient aussi ses appels à la mise fin à la corruption et au mépris «trop répandus parmi nos responsables politiques et administratifs», et ce à travers l'instauration d'«une démocratie moderne avec des institutions qui fonctionnent correctement, qui ne dépendent pas du bon vouloir des individus, et qui sont comptables de leurs actes et de leurs résultats». Les trois revendications qu'il réitère dans le document restent, en premier, «la levée de l'état d'urgence, abusivement utilisé comme instrument de confiscation des libertés publiques et individuelles; l'ouverture du champ politique avec la possibilité de créer de nouveaux partis politiques représentatifs de la population, et de la jeunesse en particulier; (et) l'ouverture du champ médiatique, notamment des medias lourds que sont la télévision et la radio». Il demande en second «un calendrier politique de transition» pour «l'élaboration d'une nouvelle constitution démocratique et l'organisation d'élections présidentielles et législatives anticipées». Et enfin, la «sauvegarde des ressources de l'Algérie par la constitutionnalisation de l'utilisation des recettes d'hydrocarbures». Des observateurs politique note cette sortie qui coïncide avec les rumeurs circulant avec insistance, ces derniers jours, donnant M. Benbitour comme celui qui pourrait remplacer Ahmed Ouyahia dans les prochains jours, ce que les officiels continuent de démentir. Toujours est-il, d'aucuns soutiennent que les services de la présidence, et à la demande du Premier magistrat du pays, travailleraient à de profond changements allant justement dans le sens de ce qui est avancé dans le document d'Ahmed Benbitour. Alors simple coïncidence ?