Le rire est le propre de l'homme et au théâtre quand l'on ne rit pas, c'est que la mécanique ne fonctionne pas, plutôt on force le public, c'est un peu ce que l'on a ressenti, ce jeudi après midi, sur les planches du TRSBA à l'occasion de la générale de la pièce théâtrale « Moderne time » sur un texte adapté de l'œuvre de Marcel Pagnol « Topaze », mise en scène par Benamar Yahia, devant un parterre exclusivement jeune et surtout d'avoir saisi qu'à force de s'éloigner de l'idée de l'auteur on la vide de sa substance, de sa littérature, de sa théâtralité et au lieu du comique et de l'humour on en vient à la pitrerie. Ici le metteur en scène en même temps scénographe jouant sur un texte dont l'histoire reste vague sorte de canevas, maigre dans son épaisseur, « bavard », dénué de fil conducteur, avec des personnages inertes, sans vie, des comédiens amuseurs plus qu'interprètes, une adaptation morte tombée dans la mièvrerie alors qu'aujourd'hui, la rigueur artistique est demandé quand on sait que le TRSBA nous a habitué à de meilleurs spectacles. Peut-on cacher le soleil avec un tamis et ne pas le souligner que même de bons comédiens ne peuvent « sauver » une adaptation et une mise en scène qui ne donnent ni envie ni goût ni à rire ni à pleurer. Le producteur a donné la chance au metteur en scène. Il nous dira en substance « J'ai mis tous les moyens dans ce spectacle » et l'on sait en toute évidence que la responsabilité d'un spectacle incombe au metteur en scène. Le spectateur parfois a joué sur l'applaudimètre et cela n'a pas suffit. Il manquait cette énergie, ce mouvement, une gravité dans le ton, l'aigu dans les mots. C'était plutôt de l'amusement. Notons que l'habitude de vouloir faire un succès par rapport seulement au public est une notion à revoir surtout dans le domaine de l'écriture. Le fait théâtral est un fait politique et intellectuel et c'est en cela que c'est un art majeur. Le rire ou le comique sur scène a une signification politique. « Moderne Time » est victime de son propre metteur en scène, de son propre texte et l'humour de Marcel Pagnol a fini par donner une leçon. Topaze ne fait pas rire, il rit de nous et de lui-même. Ce jeudi après midi si glacial, un spectacle nous a appris que pétrir du pain, c'est facile mais d'en faire un bon pain, c'est une autre histoire.