Constat redondant ! les journées nationales du théâtre à Adrar -du 18 au 23- qui se sont clôturées mardi dernier ont laissé une impression générale, que notre quatrième art peine à suivre la roue de la modernité. C'est en tout cas ce qu'a révélé le metteur en scène algérien établi en Allemagne, Yahia Benamar qui, à partir d'Adrar, a estimé qu'il était temps de secouer nos planches par "des techniques scientifiques modernes, afin d'améliorer la qualité de la mise en scène et de la scénographie.". Dans une déclaration à l'APS, cet artiste, qui avait obtenu les meilleurs prix de réalisation et de scénographie lors des journées nationales du théâtre professionnel, organisées en juin dernier à Alger, a ajouté que le spectateur algérien se lasse souvent devant un décor sans vie et sans dynamisme. Ce constat a été déjà fait il y a des années par la metteur en scène Fouzia Ait El Hadj qui a dans ses discours toujours déploré d'abord le manque de textes susceptibles d'être adaptés au théâtre, et la redondance dans la mise en scène de thématiques rébarbatifs, comme le personnage du fou ou encore celui du Goual. Il est vrai que l'âge d'or du 4ème art est dépassé, que le public a oublié depuis longtemps le chemin des salles de théâtre, que les même noms des planches circulent depuis les années 80 dans l'univers culturel, que les mêmes pièces se servent avec un brin d'approche nouvelle depuis des lustres ……, ce qui a sans doute mené à la faillite d'un théâtre qui était à son apogée quelques années seulement après l'indépendance. Aucun nom n'arrive à émerger dans cet univers qui semble fermé par ceux qui le tournent et le retournent comme bon leur semble. Quand il y a de l'argent comme pendant l'événement de l'année de l'Algérie en France ou encore Alger capitale de la culture arabe, on a souvent assisté au phénomène de " l'importation " de metteurs en scène à partir de l'étranger au lieu de donner la chance à quelques artistes en herbe qui ont sans doute des choses à dire et une autre vision du théâtre. Yahia Benamar, qui s'apprête à participer au festival arabe du théâtre prévu du 9 au 16 janvier prochain au Caire (Egypte), n'a toutefois pas caché son admiration pour les textes présentés par les amateurs et les professionnels à l'occasion des journées nationales théâtrales d'Adrar, tout en déplorant le fait qu'ils ne sont pas pris en charge par des réalisateurs et scénographes. S'interrogeant sur le renouveau constant qui caractérise le théâtre en Europe, en comparaison avec le théâtre national, le même interlocuteur a souligné que les techniques utilisées dans sa pièce "Le dernier train " ont coûté moins cher que d'autres réalisées jusqu'alors, en dépit de l'usage de techniques scientifiques qui n'ont pas nécessité un budget colossal ", dit-il. Sa vision hyper-réaliste a conféré un attrait particulier à la pièce, notamment pour ce qui est de l'acoustique et du décor, lorsque le train percute le comédien à la fin de la pièce, tout à fait pareil à une réelle scène cinématographique, a souligné dans ce sens Belkouri, auteur de cette œuvre qui a raflé le Palmier d'or, distinction suprême prévue dans cette compétition du 4ème art. Le metteur en scène Yahia Benamar est actuellement sollicité par le théâtre régional de Annaba , " Azzedine Medjoubi " pour la réalisation d'une pièce intitulée "Le gardien des ombres ", inspirée de l'œuvre de l'auteur Hamid Ghouri. Ce chantier sera entamé dès son retour du festival du Caire en Egypte. A l'instar de la troupe régionale de Mostaganem qui a présenté la pièce " Dar Rabbi " (la maison de Dieu), la dernière pièce a été présentée par la troupe de Sidi Bel-Abbès, " Le Banni " par la troupe de Relizane, " Les larmes de l'aube " par la troupe de Aïn Témouchent, " Le Triangle sacré " par la troupe de Tindouf et l'autre par le théâtre régional d'Oran.