Une sorte d'amnésie frappe les oranais dans tous les domaines: politique, social et culturel. On a occulté toute une époque avec sa génération. L'époque de «Wahrân el Bahia lil oua n'har Zahia». On a oublié nos comédiens et comédiennes du Théâtre d'Oran. Lorsqu'on parle du cinéma ou du théâtre, on vise toujours le centre du pays Alger, alors que l'Oranie a donné à l'Algérie les meilleurs comédiens et comédiennes du théâtre et du cinéma, de Keltoum, Chouikh, Chougrani, Bacha Ali Allel, Khelladi, Ould Abderrahmane Maazouz, Touita Okacha, Zellal Abdelkrim, Wafian, ainsi que les comédiens et comédiennes de la place d'Oran et de Mostaganem. Malheureusement ces hommes et femmes de l'Art, ont été relégués aux oubliettes. Sur notre photo deux comédiens du théâtre d'Oran, Aîssa Moulferaâ et Yamina Ghassoul la comédienne qui a partagée avec Adar Mohamed le succès de la célèbre pièce « El Khobza » du regretté Abdelkader Alloula. Yamina dans cette pièceétait l'artiste la plus admirée par les femmes maghrébines. Après la mise à la retraite des comédiens (nes), notre héroïne Yamina Ghassoul n'a plus donnée signe de vie dans le milieu du 4ème art, ni dans le milieu culturel de la ville où, bon gré, mal gré, quelques-uns continuent à s'agripper sur le bateau naufragé. Yamina était une vraie comédienne du Théâtre Régional d'Oran, elle a signé son nom d'ailleurs et depuis l'époque de l'occupation, elle mérite toute la considération du milieu culturel frappé d'amnésie. Yamina la comédienne mérite d'être honorée. Malheureusement l'amnésie nous frappe de plein fouet, nous nous s'apercevons toujours de nos valeurs que lorsqu'ils partiront pour de bon ! Et là on va vite leur accrocher « El Ârdjoune » en retard et après le départ nos personnalités de l'art et de la culture. Quant au comédien Aïssa Moulferaâ, il était aussi l'un des piliers du TRO, un organisateur de spectacle national et international connu à travers le pourtour méditerranéen et un comédien à part entière. Wahrân n'a pas su garder ses enfants. Ils sont partis dans différentes directions et surtout dans le silence complice des Oranais qui se vantaient d'être des Ouled Bled. Car on a le sentiment d'avoir assisté et on assiste toujours à une présentation de pièces… détachées, où à chaque occasion un ou une comédienne disparaît de la scène sans retour et sur fond noir et un silence complice. Sans aucun dialogue. Le comble dans tous cela, c'est que les spectateurs et les gérants de notre culture, malheureusement, oublient vite, dès l'instant de la tombée du rideau. On oublie la pièce jouée, les comédiens, le metteur en scène, le régisseur et même le personnel d'accueil. C'est fait dans le silence, et dés l'instant de leur retrait de la scène, nous les oublions : Kaki, Korid Ali, Osmane Fethi, Hadjouti Bouâlem, Alloula Abdelkader, Ahmed Saber, Benchaâ, Djennat, Belmokadem Abdelkader, Sirat Boumediene … Ceux qui se sont retiré dans le silence complice de la retraite : Yamina Ghassoul, Adar Mohamed, Tayeb Ramdane, Belkaïd Abdelkader, Medjahri,, Saïd Bouabdellah, pour ne citer que ces noms, car beaucoup d'autres étaient les auteurs de la fierté de l'art et de la culture de l'Oranie et de son Théâtre Régional d'Oran.