La perspective d'une solution politique à la crise égyptienne ne pointe pas. Les protestataires campent sur leurs positions en demandant, avant tout, le départ du Raïs et ce n'est pas les dits pro-Moubarak qui semblent en mesure d'arrêter leur résolution à ne baisser les bras qu'après satisfaction de leur exigence première. Le “départ” et la transition pacifique du pouvoir pour n'avoir par à perdre vainement plusieurs mois sont donc les principales revendications des activistes de l'Alliance des jeunes de la révolution et de certaines forces de l'opposition qui ont réussi à renforcer la mobilisation au niveau de la Place Tahrir. Ici, les foules ne manquaient pas de commenter les propos de Moubarak qui disait avoir peur de voir le pays sombrer dans le chaos s'il partait. «Mais c'est lui la principale cause du chaos», lançait-on aux journalistes couvrant l'événement. Toujours est-il, le fait nouveau hier c'était la démission de la direction du Parti national démocrate (PND) au pouvoir en Egypte, une direction qui compte dans ses rangs le fils du Raïs, Gamal. C'est désormais Hossam Badrawi, considéré comme entretenant de bons rapports avec l'opposition égyptienne, qui en est le nouveau secrétaire général comme il est nommé président du comité politique, le poste qu'occupait le jeune Gamal. Un peu plus tôt dans la journée, un haut responsable de l'armée égyptienne, Hassan al Roweni, avait tenté en vain de persuader des milliers de manifestants de quitter la place Tahrir, arguant que leur mouvement anti-Moubarak paralyse l'économie de la capitale. C'était compter sans la détermination d'un peuple obstiné et décidé plus que jamais à faire entendre sa voix et à se faire respecter. Les manifestants ont répondu par des cris appelant à la démission du président égyptien. Et cette intervention a poussé les manifestants à penser que l'armée est finalement en train de faire le jeu de Moubarak… Il y a lieu de noter aussi que les Etats-Unis, alliés essentiels de l'Egypte, ont estimé qu'une transition ordonnée doit débuter immédiatement, une position à laquelle les principaux pays européens se sont d'ailleurs ralliés. “Le statu quo est tout simplement intenable”, a martelé la secrétaire d'Etat Hillary Clinton devant la conférence annuelle de Munich sur la sécurité.
Explosion d'un gazoduc égyptien dans le Sinaï
L'autre fait marquant aussi la journée d'hier c'est cette explosion qui s'est produite, au matin, dans une station de pompage d'un gazoduc égyptien près d'El-Arish dans le nord du Sinaï (nord de l'Egypte), déclenchant un important incendie maîtrisé en coupant l'approvisionnement en gaz. Selon le directeur de la compagnie égyptienne du gaz, Magdy Toufik, l'incendie dans ce gazoduc approvisionnant la Jordanie est dû à une fuite. Mais le gouverneur de la région d'El-Arish a déclaré soupçonner un sabotage, tandis qu'un responsable local de la sécurité a parlé d'une attaque à l'explosif. Toutefois, certaines sources affirmaient que le gaz parvenait, en fait, en Israël via la Jordanie.
Des leaders de l'opposition rencontrent le Premier ministre
Enfin, des sources ont affirmé que des dirigeants de l'opposition égyptienne ont rencontré le Premier ministre Ahmed Shafiq et discuté avec lui des façons à faciliter le retrait du président Hosni Moubarak de la vie politique. L'une des propositions envisagées consisterait en ce que Moubarak transmette ses prérogatives à son vice-président Omar Souleimane et se retire “par un départ réel ou politique”.