Affrontements avec les forces de l'ordre, plusieurs routes nationales coupées à la circulation, tentatives de suicides, comme une trainée de poudre, les actions de protestation se multiplient à l'Est du pays à une vitesse vertigineuse. Il ne se passe pas un jour sans qu'il ne soit signalé un évènement de la sorte. Le week-end dernier en a été très riche. Cette fin de semaine a été marquée, ainsi, par plusieurs violentes émeutes qui ont éclaté dans plusieurs localités de l'Est du pays où des échauffourées ont opposé des centaines de jeunes chômeurs aux forces de l'ordre. A Annaba, la route de Berrahal, principale voie d'accès à la ville a été coupée jeudi durant une bonne partie de la journée. Mercredi, c'était la ville des ponts, Constantine, de connaître le même sort avec en prime un rassemblement de citoyens devant le cabinet du wali. La veille, une dizaine de jeunes avaient menacé à Annaba de se jeter du haut d'un immeuble de plusieurs étages. Une tentative de suicide collectif qui a amené le Wali d'Annaba, Mohamed Ghazi, à appeler sur les ondes de la radio locale les citoyens au calme. Il a promis aux manifestants la création de 7.000 postes de travail au profit des jeunes chômeurs qui ont été invités à se rapprocher des autorités locales pour soumettre leurs candidatures dans le cadre du nouveau dispositif de contrat de formation et d'insertion (CFI). La Wilaya est depuis assiégée par les jeunes, du matin au soir, sous l'œil vigilant des forces de l'ordre. Aussi, on ne peut pas vraiment dire que le chômage en Algérie soit une vue de l'esprit tant c'est devenu, hélas, une vérité bien tangible et d'ailleurs difficilement vécue par de nombreux jeunes. Cette scène de la wilaya d'Annaba est en elle-même un cinglant désaveu à tous les discours et autres chiffres triomphalistes dans ce domaine. Jusqu'ici les immolations par le feu en Algérie à cause du chômage ont été beaucoup plus nombreuses à l'Est où l'on parle déjà d'une quarantaine de cas. A Skikda, ce sont les populations des localités de Toumiate et d'El-Harrouch qui ne désarment pas après les violents affrontements qui les ont opposés mardi aux forces de la gendarmerie nationale. A Batna, les étudiants de l'université Hadj Lakhdar sont en grève et exigent le départ du recteur. Des rassemblements sporadiques interviennent également, ça et là, dans la capitale des Aurès. Si les revendications ou les motivations sont souvent disparates, le mécontentement semble être toujours le même. Beaucoup d'observateurs voient dans ces troubles les prémices d'une contagion de la révolution qui ébranle actuellement les pays de la région. La journée d'aujourd'hui peut s'avérer, à cet égard, décisive. A Annaba, il n'est pas prévu aujourd'hui de marche pacifique mais un appel a été lancé pour un sit-in sur le cours de la Révolution. A suivre.