Les pénuries d'eau risquent de toucher de plein fouet les pays du Maghreb. Ce sont les spécialistes qui le disent. Le déficit hydrique connaitra une augmentation sensible à l'avenir. Avec une pluviométrie annuelle conséquente, les pays de la région du Maghreb perdent chaque année plus de 140 milliards de mètres cubes d'eau. Cette quantité importante d'eau disparait dans la nature du fait que les pays de la région sont dans l'incapacité à maîtriser les crues, expliquent des spécialistes. En effet, des experts en la matière ont insisté mardi dernier sur la nécessité d'améliorer la mobilisation, la distribution et l'utilisation de la ressource hydrique pour faire face au défi de l'eau. «L'ensemble de la capacité des réserves en eau dans trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), passera de 26 milliards de mètres cubes (m3) actuellement à 21 milliards en 2050, puis à 14 milliards en 2100 en raison de l'envasement des barrages», a-t-on noté lors du 4e Colloque international sur les ressources en eau et le développement durable organisé par l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique (ENSH). Ce spécialiste des ressources en eau a relevé, en outre, une surexploitation des eaux souterraines renouvelables au Nord de l'Algérie. Une surexploitation qui s'est traduite, selon les experts, par «une diminution de la réserve». «Des surexploitations caractérisées sont identifiées dans toute la région du Maghreb. Elles sont de l'ordre de 2 milliards de m3, ce qui représente 30% des ressources aquifères», a-t-on précisé. 90% des ressources souterraines dans la région sont utilisées dans l'irrigation. Pour retrouver l'équilibre et faire face à la demande croissante en eau dans la région et qui atteindra les 35 milliards de m3 en 2030, les experts ont préconisé une gestion économe des ressources, une lutte contre l'envasement des barrages, le traitement de la question des bassins versants et le retour à l'utilisation des eaux non conventionnelles. Au cours de ce colloque, le directeur de l'ENSH, Mohamed Said Benhafid, a affirmé que les ressources en eau et l'environnement sont devenus une préoccupation prioritaire du développement durable en Algérie. «Nous sommes à 167 litres/jour par habitant, un niveau moyen. La logique nous dicte d'aller vers 250 litres/jour par habitant», a-t-il fait remarquer comme pour expliquer qu'il n'y a pas de surconsommation d'eau en Algérie. Pour le directeur de l'ENSH, l'introduction des technologies de dessalement de l'eau de mer constitue une piste d'avenir très intéressante pour répondre aux besoins de la population. Le recours aux eaux non conventionnelles, notamment le dessalement d'eau de mer et l'épuration des eaux usées pour l'agriculture sera le meilleur moyen pour pallier les déficits et permettre une dotation pérenne de l'eau. Les changements climatiques et ressources en eau, eaux non conventionnelles et leur utilisation, économie de l'eau et management ainsi que la gestion des grands aménagements hydrauliques ont été d'autres thèmes développés au cours de cette rencontre scientifique.