«La gestion des œuvres sociales par l'UGTA, c'est terminé. Nous avons sept syndicats». Cette sentence n'a pas été prononcée par un syndicaliste autonome ou un animateur d'un mouvement d'opposition, mais par M. Benbouzid , ministre de l'Education, à Tipaza mercredi dernier. Et c'est sur instruction du président de la République –comme l'affirme Benbouzid- que ce dossier est au secrétariat du Gouvernement. C'est peut-être un premier niveau dans la disqualification de l'UGTA et la fin du monopole que cet appareil exerçait dans l'exercice du droit syndical. D'ailleurs, les travailleurs assistent à l'agonie effective commencée des satellites de l'UGTA, souvent animés par des nervis et autres valets servants soumis aux injonctions de l'administration. Pousser les décideurs à confisquer la gestion de la manne financière que sont les comptes des œuvres sociales n'est pas l'unique avancée arrachée par les nouveaux syndicats nationaux. Avec l'émergence de nouvelles formes d'associations syndicales, émancipées de toutes tutelles partisanes, et un grand sens de la négociation, les travailleurs algériens innovent dans la revendication socioprofessionnelle. Et ces jeunes organisations syndicales se distinguent par une capacité de mobilisation et de discipline qui a fait plier ministres, directeurs généraux et potentats inflexibles. Mais le constat d'intérêt réside dans la force de fédération des rangs de ces syndicats et leur volonté de partager la prise en charge de l'urgence en attendant les tâches les plus larges. C'est –à-dire revendiquer, discuter, négocier ce qui fait la dignité du travailleur: le pouvoir d'achat, la sécurité de l'emploi, la protection sociale et une retraite équitable. Quoi de plus légitime comme attentes pour une personne qui a donné sa jeunesse et sa santé ? En tout cas, les syndicats autonomes n'inventent pas seulement une nouvelle forme de lutte socioprofessionnelle, mais mettent à nu les partis politiques lesquels en majorité ont oublié leur fonction originelle en travaillant le pouvoir au lieu de travailler la société.