Le couple «mort de Ben Laden, représailles d'Al-Qaïda» appelle trois remarques. La première est liée au constat que le Pakistan est entré dans une phase de montée en puissance de l'insécurité, de la multiplication des acteurs, de l'entrée en guerre civile, de l'ingouvernabilité du pays dans ce contexte plus particulier du fatal chaos. Il ne s'agit nullement d'un chaos constructif, comme des idéologues américains le prétendaient comme nécessité pour le monde musulman afin que celui-ci réalise les équilibres préalables à l'entrée en démocratie. Il s'agit du modèle recherché par les administrations américaines pour assurer la démocratisation dans l'espace du GMO. La deuxième est liée à ce qui apparaît comme une prise en otage du Pakistan entre Al-Qaïda qui reproche au régime pakistanais de coopérer avec les Américains et d'être leur allié stratégique et les Etats-Unis qui lui reprochent de ne pas trop s'engager dans la guerre contre ce mouvement terroriste et les islamises. La troisième est la définition du concept de démocratie qui sied à des pays musulmans comme le Pakistan dont le courant islamiste a atteint un stade avancé de son enracinement dans la société. Cet avancement a été accéléré par les Américains du temps où ils visaient à contenir l'influence communiste en construisant une ceinture islamique autour de l'ex-URSS, en instrumentalisant bien évidemment les islamistes afghans et en aidant à la création d'une légion arabe islamiste sous la conduite de… Ben Laden. Du couple infernal «Etats-Unis/Al-Qaïda» découle pour le Pakistan une impasse pour le retour de la paix. Il en découle justement une guerre interminable, d'autant que la lutte contre le terrorisme ne revêt que les aspects militaires alors que rie n'est fait par les pays industrialisés pour aider réellement à créer les conditions économiques qui permettront à ceux qui n'ont pas de perspective d'avenir et qui restent en conséquence vulnérables devant l'endoctrinement de s'intégrer dans la société. Comme le répète souvent l'Algérie, la lutte devrait être globale et ne pas concerner que l'emploi des moyens militaires. Un nouvel ordre international contre la misère, comme le disait le président Bouteflika, devrait être instauré afin que les populations pauvres et désespérées puissent se trouver d'autres perspectives que celles de la propension à céder aux sirènes de la violence. C'est l'absence d'une coopération opérationnelle internationale franche dans la lutte contre le terrorisme, des divergences sur le contenu du concept de terrorisme, la pratique internationale de la politique des «deux poids deux mesures», une application discriminatoire des résolutions onusiennes, un ordre international injuste qui accroît par la mondialisation les inégalités entre pays, qui sont des facteurs qui contribuent à fournir des alibis aux sergents recruteurs du terrorisme