La rumeur n'en est pas une finalement. L'ouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc, fermées depuis 1994, interviendra le 2 juin prochain, selon des sources très au fait des décisions qui se prennent dans la haute sphère de l'Etat… Cela va, en tout cas, dans le sens de ce qui a été dit à ce sujet à travers la presse ces dernières semaines, sur la base de recoupements de déclarations faites par les représentants politiques des deux pays. Questionné par un confrère à Marrakech, le ministre marocain du Tourisme, Yassir Zenagui, devait préciser que cette ouverture répond «d'abord à la volonté du peuple marocain», en se disant convaincu que cela est également le vœu du peuple algérien. Il devait ajouter concernant d'éventuels engagements de la part du gouvernement algérien pour une ouverture prochaine des frontières: «On a été ravi par les dernières déclarations.» Cela en dit long sur le sujet. Et si cela se concrétise, ce seront avant tout ces familles marocaines et algériennes installées d'un côté et de l'autre des frontières et ayant noué des alliances pour beaucoup d'entre elles qui s'en réjouiront le plus. Il suffit, par ailleurs, de surfer sur le Net de se rendre compte de cette volonté partagée entre les deux peuples de voir rouvrir les frontière terrestres. Les Internautes ont, en effet, trouvé dans la Toile un terrain d'action à travers lequel ils espéraient réussir «là où la diplomatie échouait» jusque-là. On retrouve même dans un site une pétition en faveur de cette réouverture à laquelle adhèrent pas moins de 14.000 signataires, essentiellement Marocains et Algériens. Et ce qui attire l'attention dans cette pétition cet aspect économique soulevé par les initiateurs qui évoquent un «triste constat du gâchis», conséquence de «tant d'années d'incompréhensions». Des pans de ces «incompréhensions» ont été justement levés par les politiques, à l'instar du président de la République lors de sa visite à Tlemcen, le 16 avril dernier. «Il n'y a pas de problème entre le Maroc et l'Algérie. Le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère», a-t-il alors déclaré. Il y a eu aussi la sortie du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à travers une interview accordée à un confrère arabophone et dans lequel il a expliqué que «la frontière entre les deux pays ne peut rester fermée indéfiniment». Il est même revenu sur la question sur les ondes de la radio nationale pour rappeler que l'Algérie n'a «jamais exclu de rouvrir les frontières avec le Maroc». Le ministre a fait remarquer par la même occasion que «des consultations ont été entamées il y a trois mois», sans toutefois en donner les détails. Ce qui frappait dans cette sortie médiatique ce qu'à peine un mois auparavant, il soulignait: «L'ouverture de la frontière n'est pas à l'ordre du jour et nous n'avons mandaté personne pour discuter de cela»… Cela fera dire à des observateurs que des décisions importantes devaient être prises entre-temps, plaidant pour l'ouverture des frontières terrestres. Il y a eu aussi cette déclaration du représentant personnel du Président de la République qui a déclaré –certes sous la casquette de secrétaire général du FLN- que «la réouverture ne doit pas constituer un danger pour l'économie nationale, ni pour l'économie marocaine». C'est une preuve de plus qui renseigne sur une réelle volonté, à un haut niveau, de remettre les pendules à l'heure et de rendre le Maghreb… aux peuple.