«Ma priorité sera d'établir des relations de confiance avec le Maroc, et surtout une véritable communication entre les deux pays». Le général Larbi Belkheir a fait ce jeudi une déclaration au quotidien français Le Monde dans laquelle il fait part de sa nouvelle mission auprès du royaume chérifien à la suite de sa nomination comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire au Maroc. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika, selon les propos du général, l'aurait investi de la tâche d'assainir les relations tendues entre l'Algérie et le Maroc et de leur insuffler une nouvelle dynamique voire une normalisation. «Les uns, a dit M.Belkheir, prétendent que j'ai refusé mon poste. Les autres affirment que j'ai claqué la porte. D'autres encore me conseillent de ne pas quitter Alger sous prétexte que je suis un élément de stabilité, a-t-il ironisé. La réalité est que Rabat est un poste sensible et qu'on en a conscience de part et d'autre. Ma priorité sera d'établir des relations de confiance avec le Maroc, et surtout une véritable communication entre les deux pays. Cela fait trop longtemps que nos relations passent par des hauts et des bas. Or, le Maroc est notre voisin et le restera. Nous sommes condamnés à nous entendre.» Cette déclaration intervient au moment où l'Algérie s'apprête à vivre un moment fort de son histoire ayant trait au référendum sur la réconciliation nationale. Le général, qui quitte le cabinet présidentiel pour un poste sensible et délicat, fait partie des hommes forts du pouvoir algérien et de la sphère décisionnelle du pays. La nouvelle de sa nomination ce mardi 23 août a laissé place à moult supputations allant jusqu'à dire que le président qui avait exprimé sa détermination de récupérer le dernier carré du pouvoir détenu par une poignée de hauts gradés dont le général Larbi Belkheir fait partie, répondait à cette volonté de changement qui caractérise toute phase de transition dans l'histoire des nations. Plusieurs généraux ont, au cours d'un précédent mouvement été soit remerciés soit mutés ou encore mis à la retraite. D'aucuns pensent que cette opération de «toilettage» est conséquente au concept de réformes de l'Etat suivant l'agenda élaboré par le président de la République qui devra, selon les observateurs avisés, passer à l'étape de la révision constitutionnelle dans laquelle les prérogatives de chaque institution seront minutieusement définies avec, en prime, un mandat renouvelable du président de la République. Il semblerait que la déclaration du général Larbi Belkheir à l'occasion de son séjour à Paris pour un bilan médical, vient battre en brèche les rumeurs qui alimentent la scène politique et ce suite à sa désignation à la chancellerie pour représenter l'Algérie au Maroc et faisant état de son «éviction du haut du pavé de l'Etat». En sortant de son mutisme, il coupe court aux spéculations tout en se défendant d'amorcer une fin de carrière, lui qui était présent dans tous les moments de crise par lesquels est passé le pays. La qualité qu'on lui a imprégnée à travers sa désignation comme ambassadeur plénipotentiaire lui donne les pleins pouvoirs pour asseoir des relations saines avec le voisin de l'Ouest. Selon le quotidien Le Monde toujours, le général aurait accepté «la mission» qui lui avait été confiée en indiquant qu'il rejoindrait la capitale marocaine Rabat «probablement en octobre». Le journal français précise en outre que l'une des principales tâches du nouveau représentant de l'Algérie à Rabat portera sur la réouverture des frontières algéro-marocaines, fermées depuis 1994, à la suite de l'attentat de Marrakech dont le Maroc avait fait imputer la responsabilité à l'Algérie, en dépit des démentis d'Alger. Par ailleurs ce rapprochement pour lequel a été mandaté le général Larbi Belkheir ne concerne pas le conflit du Sahara occidental qui demeure quant à lui «du ressort des Nations unies, pas du nôtre» , a souligné Larbi Belkheir, réitérant de la sorte la position inaliénable de l'Algérie qui s'en remet à la légalité internationale.