L'Algérie « a de l'argent », c'est bien connu. L'Algérie a de l'argent qui provient de ses hydrocarbures mais une grande partie de son peuple vit en dessous du seuil de pauvreté. L'Algérie a de l'argent mais il nourrit la corruption au détriment de l'investissement productif facteur de croissance et d'emploi. L'Algérie a de l'argent mais elle le distribue aux serviteurs du pouvoir. Les fausses réformes vont servir à récompenser les partis qui sont agréés ou qui vont l'être par la seule volonté de l'Administration. C'était de la même manière que l'espace « indigène » était géré. L'Administration coloniale avait le droit régalien de reconnaître ou de dissoudre sous des prétextes les plus extravagants n'importe quel parti. Daho Ould Kablia, le « ministre » de l'Intérieur jurait tous ses dieux, dans un passé récent, que l'examen des dossiers d'agrément des partis pouvait devant la lourdeur de la tâche prendre plusieurs mois voire des années. Comme par miracle, depuis que les régimes despotiques tombent les uns après les autres, à l'est et au sud du pays, la durée d'instruction s'est réduite sur un coup de baguette magique. Les performances de l'Administration se sont accrues en l'espace d'une nuit. Un mois, a dit le « ministre », c'est plus que suffisant pour donner une réponse d'autorisation ou de refus d'agrément. Autorisation ou refus selon des critères exclusifs et restrictifs. Il faut d'abord montrer patte blanche pour se faire admettre dans le club des agréés. C'est une habilitation que délivre les services de renseignements de la même manière que pour les hautes fonctions de l'Etat. Les partis agréés, selon leur degré de servitude et de déshonneur, obtiennent des quotas de sièges dans les deux chambres et dans les Assemblées communales et départementales voire des maroquins, souvent des strapontins, au gouvernement. Le cas du MSP est symptomatique à cet égard : par injonction et par intérêt matériel, il rejoint la « majorité présidentielle » et le gouvernement, par lâcheté il abandonne, à l'approche des « élections » jouées d'avance, le navire qui tangue. Il croit pouvoir sauver sa peau dans une atmosphère de confusion qui évoque le Titanic et le Radeau de la Méduse. C'est l'affolement d'un pouvoir qui croule. Et pour rassurer l'équipage que le commandant tient la barre, Ould Kablia annonce une probable augmentation des sièges à l'Assemblée populaire nationale d'une soixantaine. Ce qui est énorme par rapport à l'évolution démographique de l'Algérie [35 millions d'habitants pour un territoire de 2 381 741 Km2 avec plus de 2 millions de désert]. Actuellement de 369 sièges, l'APN passerait à 429 sièges, ce qui signifie des salaires et des avantages en plus pour un personnel politique qui ne fournit aucune contrepartie. A titre d'exemple, les Etats-Unis pour une population de plus de 310 millions d'habitants pour une superficie de 9 millions 620 048 Km2 compte 435 sièges à la Chambre des représentants [et 100 sièges au Sénat, 144 pour l'Algérie]. En Russie, un autre grand pays, la Douma comprend 450 sièges pour près de 150 millions d'habitants pour une superficie de 17 millions de Km2. Même l'Allemagne, un pays de 81 953 800 d'habitants pour une superficie de 357 030 km2, serait sous représentée comparativement à l'Algérie avec ses 620 députés au Bundestag et ses 69 représentants des Länders au Bundesrat. Logiquement, si l'on devait tenir compte de tous ces critères sur lesquels repose le découpage des circonscriptions l'Algérie devrait avoir moins de 230 députés et sénateurs comparativement à l'Allemagne, une cinquantaine de députés et de sénateurs comparativement aux Etats-Unis et à la Russie. 573 députés et de sénateurs au lieu d'une cinquantaine pour les deux chambres algériennes, l'économie dans le budget de l'Etat est assez appréciable dans un pays qui compte plus de 15% de chômeurs non indemnisés. Et ce n'est ni du populisme ni de la démagogie.