Chaque pas doit compter. Et le pas qui a été fait cet après-midi va compter. Inchallah. De nombreux algériens se sont rassemblés à proximité de l'Ambassade d'Algérie, rue de Lisbonne, pour dénoncer le coup d'Etat qu'il y a vingt, le 11 janvier 1992, le pouvoir militaire a perpétré contre la volonté du peuple algérien, et pour rappeler que le pronunciamiento a arrêté voire tué dans l'œuf la première expérience démocratique qu'un peuple de la sphère arabe a eu à vivre à la fin des années 80's et au tout début des années 90's. La liberté d'exercer ses droits politiques et sociaux qu'une coterie lui a confisquée, le peuple algérien l'a arrachée par la lutte, le sang et les larmes. Les familles algériennes ressentent encore dans leur chair et leur esprit les douleurs du mois d'octobre 1988, ces journées au cours desquelles près d'un millier de jeunes et de moins jeunes ont été fauchés par les balles assassines d'un pouvoir militaire qui, bafouant la mémoire des suppliciés de la guerre de libération nationale, a fait subir, à grande échelle, la torture à des Algériens. Ce droit à la libre disposition de lui-même, le peuple algérien l'a arrachée, une seconde fois, ce 5 octobre 1988, et a triomphé de ces tueurs d'enfants que la justice rattrapera, tôt ou tard, comme elle a rattrapé Pinochet et Milosevic. Mieux vaut, d'ailleurs, pour eux la justice que le lynchage qu'ont subi Nouri Saïd en 1958 et Maamar Kadhafi en 2011 ou la pendaison, à l'instar de Saddam Hussein et de son vice-président Taha Yassine Ramadan. Depuis que ce putsch a été commis et le processus démocratique remis en cause, la situation politique, économique et sociale du pays n'a cessé de se dégrader. Et les « réformes » que le pouvoir a prétendu conduire sont une véritable arnaque politique dans laquelle le peuple algérien n'est pas tombé. La preuve en est que les manifestations, les contestations voire les émeutes comme, en ce moment, à Laghouat, sont quotidiennes et touchent l'ensemble du territoire national. Ce pouvoir dont l'illégitimité ne fait de doute pour personne, est en train de vivre ses derniers instants. Les périls nombreux menacent notre pays et notre nation, de l'intérieur et de l'extérieur, la responsabilité des oppositions est de relever ce défi par le rassemblement, la mobilisation et la vigilance.