Brahim Younessi Louisa Hanoun s'affole. Elle craint, avec les nouveaux supplétifs qui viennent d'être agréés, le dumping politique dont elle veut avoir l'exclusivité. La Secrétaire générale du Parti des travailleurs fait la mouche du coche, elle « […] pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment qu'elle fait aller la machine […] » Je laisse le soin aux lecteurs de découvrir la morale de cette fable dans « Le Coche et la Mouche » de Jean de la Fontaine. Cette femme que d'aucuns considéraient, jadis, comme la pasionaria de l'opposition, la Dolores Ibarruri algérienne, se fait finalement l'égérie de Abdelaziz Bouteflika qui lui accorde l'interdiction du « nomadisme politique » avant que l'article prévu dans le projet de « loi sur les partis politiques » ne soit annulé. D'un nationalisme aussi ombrageux que celui de Maurice Barrès et, néanmoins, aussi internationaliste que son ami Daniel Gluckstein, son alter ego du Parti ouvrier indépendant et son camarade de « l'Entente internationale des travailleurs et des peuples » qui a tenu sa conférence à Alger en novembre 2010, donne des leçons de loyauté et de dévouement à la Patrie. Elle accuse, avec l'emphase que nous lui connaissons, des organisations et des associations algériennes, comme la Ligue algérienne de Défense des Droits de l'homme, de compérage avec la Central Intelligence Agency [CIA] qui les financerait secrètement à travers la National Endowment for Democracy. Le but officiel de cet organisme est, selon ses statuts, « de promouvoir l'éducation et la formation à la démocratie. » La NED publie le « Journal of Démocracy » qui sert de référence à certains partis algériens, comme le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, se réclamant du libéralisme. Un comble ou un paradoxe, le RCD appartient au Réseau des libéraux arabes qui s'est réuni les 2 et 3 novembre dernier au Caire sous le patronage de la Fondation Friedrich Naumann. Contradiction encore pour un parti qui a toujours montré une posture ultra laïque, les idéaux du théologien protestant Friedrich Naumann que poursuit la Fondation pour une démocratie libérale et pour le « redressement de l'Allemagne par des réformes spirituelles ». Une autre curiosité plus inquiétante, l'alliance de la Fondation Naumann avec le FDP, le parti libéral allemand qui a été infiltré, au lendemain de la Seconde guerre, par d'anciens dirigeants nazis. Le parti se dénazifie pour rejoindre les coalitions au pouvoir durant ces quarante dernières années, tantôt avec la CDU/CSU, tantôt avec le SPD. S'il n'est pas généralement classé à l'extrême droite, le FDP est plus à droite que la CDU et la CSU. Dans un autre point de vue, nous évoquerons le rôle d'autres fondations et de nombreux « think tank » dans nos espaces, à l'instar du « Hudson Instiute ». L'influence ultra-libérale passe par ces Fondations et ces « cercles de réflexion » qui proposent des projets clés en main et des prêt à penser, celle du trotskisme par les canaux de la Gauche extrême comme la Quatrième internationale lambertiste reconstruite en juin 1993 à Paris par 44 sections dont la section algérienne qui porte le nom de Parti des travailleurs. Nous n'entrerons pas dans les divisions et les querelles intestines et byzantines qui ont implosé la Quatrième internationale, mais le désaccord sur l'Algérie a été aussi déterminant que les questions idéologiques et stratégiques. Les pablistes [partisans de Michel Raptis dit Pablo qui fut le Secrétaire de la Quatrième internationale] s'engagent auprès du Front de libération nationale alors que les lambertistes dont dépendait l'OST [Organisation socialiste des travailleurs qui devient dans les années 80 Parti des travailleurs] de Louisa Hanoun soutiennent le Mouvement nationale algérien [MNA] de Messali Hadj. L'Entente internationale des travailleurs et des peuples qui a été créée en janvier 1991 à Barcelone dont la coordination a été confiée à Louisa Hanoun et Daniel Gluckstein, est réputée liée à la Quatrième internationale lambertiste. Des questions se posent aussi bien sur le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie que pour le Parti des travailleurs qui contreviennent publiquement à la nouvelle « loi sur les partis politiques ». Dans la section 2, « Fondements et principes », article 8, al.6, il est stipulé que « toute obédience des partis politiques, sous quelque forme que ce soit, à des intérêts étrangers est proscrite. » Et dans la section 3, « Relations du parti politique avec les autres formations », article 51, il est précisé que « il ne peut, en outre, mener […] ni avoir des liens ou des rapports de nature à lui donner la forme d'une section, d'une association ou d'un groupement politique étranger. » Ce qui est parfaitement le cas du Parti des travailleurs de Louisa Hanoun. Le titre IV, « Dispositions financières », chapitre I – « Ressources », article 52, indique que « les activités du parti sont financés au moyen de ressources constituées par les cotisations, les dons, les legs et libéralités ainsi que les aides éventuelles de l'Etat. Dans ce chapitre, concernant un bon nombre de « partis » groupusculaires, nous ne voulions retenir que le mot « éventuel ».