Le procès en appel de l'affaire des vaccins périmés, dans laquelle sont accusés dix cadres de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), a été reporté mercredi par la chambre correctionnelle de la Cour d'Alger au 26 janvier courant. Le report a été prononcé par le juge Benkharchi Omar suite à la requête de l'avocat de la défense du prévenu Amani Ammar, représentant des laboratoires étrangers, qui avait demandé un délai pour des problèmes de santé dont souffre son client. Le tribunal de Sidi M'Hamed (Alger) dans sa section correctionnelle avait prononcé en première instance, en date du 13 octobre 2010, des peines allant d'une année de prison avec sursis à 10 ans de prison ferme à l'encontre des dix cadres, dont l'ex-directeur général de l'IPA, Miloud Belkaïd. Actuellement en fuite, l'ancien directeur général de l'IPA (2002-2009) qui a écopé de 10 ans de prison ferme fait l'objet d'un mandat d'arrêt international. Les autres condamnés sont Omani Ammar, représentant des laboratoires étrangers avec six années de prison ferme, Abdelmadjid Boudiaf, ancien responsable des moyens généraux, avec six années, Aït Ouras Ahmed, avec une année ferme, et Dali Hamid, directeur général-adjoint au niveau de la commerciale, condamné à deux années ferme. L'inculpée Nadia Touabti a été condamnée à quatre années de prison avec sursis, Boubekeur Djamila, à deux années avec sursis et Aït Ouras Lamine, à une année avec sursis, tandis que Chaïb Ahmed a été relaxé. Les mis en cause sont accusés de passation de marchés publics contraire à la législation, dilapidation de deniers publics, obtention d'avantages injustifiés et négligence manifeste ayant causé un préjudice à l'Etat. L'affaire remonte à 2005, lorsque une lettre anonyme a été reçue par les services de sécurité concernant un important lot de vaccins contre la grippe, la tuberculose, la rougeole et des vaccins pour nourrissons acquis par l'IPA auprès de quatre laboratoires étrangers par voie de marchés publics suspects. Immédiatement, le ministère de la Santé a pris au sérieux cette lettre anonyme et à mis sur place une commission d'inspection ministérielle en mai 2005 qui a conclu dans son rapport à la responsabilité des différents intervenants de l'IPA à tous les niveaux à savoir son directeur général, sa direction commerciale et son responsable de la gestion des stocks. Selon le même rapport, ces marchés publics "anarchiques" ont causé à l'Etat un préjudice de 147.531.844,08 DA, sans compter les frais engagés dans la location des chambres froide, ajoutant que des poursuites judiciaires doivent être engagées contre les personnes sus-citées. Cependant l'enquête n'a débuté qu'en novembre 2009 et qui a mis à jour la mauvaise gestion de l'ancien DG de l'IPA et révélé que la majorité des contrats passés avec des fournisseurs étrangers étaient non conformes à la réglementation des marchés publics. A ce propos, l'avocat Chorfi Cherif de la prévenue Touabti Nadia s'est demandé pourquoi aucune mesure n'a été prise depuis 2005 jusqu'à 2009 assurant que sa cliente, en sa qualité de responsable du laboratoire du contrôle de la qualité de l'IPA, a toujours dénoncé les irrigularités concernant les marchés publics conclus avec les laboratoires étrangers par biais d'écrits au ministère mais elle s'est retrouvée dans les bancs des accusés. Pour l'avocat de Amani Ammar M.Amara Mohcen, cette affaire n'est qu'une "pure manipulation" car, selon lui, son client qui est représentant des laboratoires étrangers auprès de l'IPA n'a fait que son travail en livrant des vaccins dont la qualité n'a pas été mise en cause par la commission d'inspection du ministère qui a cependant mis en cause la "stérilité" de ces vaccins.