Plusieurs ministres du gouvernement d'union nationale tunisien ont démissionné mardi, au lendemain de sa formation. Les trois ministres démissionnaires appartiennent à l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) en raison "du déséquilibre causé par la présence d'un nombre important de ministres appartenant à l'ancien régime", d'autant que les concertations ont été "menées dans la précipitation ce qui a conduit au non respect du critère de qualité lors du choix des ministres". L'UGTT, puissante centrale syndicale, a joué un rôle crucial dans les manifestations qui ont provoqué la chute du président Ben Ali. De son coté, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDLT) a également annoncé la suspension de sa participation dans le gouvernement. Le chef du parti, Mustapha Ben Jaâfar, nommé lundi ministre de la Santé, "a décidé de suspendre sa participation dans le gouvernement". Le mouvement "Ettajdid" a demandé la démission de tous les ministres appartenant au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) ainsi que le gel des biens et des comptes bancaires de ce parti. Le mouvement Ettajdid a souligné qu'il "est entré dans le gouvernement pour éviter le vide qui menace le pays, sa sécurité et sa stabilité, ainsi que pour la protection des biens du peuple. Le Conseil national de l'Ordre des avocats de Tunis a appelé à la formation d'un "gouvernement de salut national", représentant tous les courants politiques et organisations nationales et professionnelles, sans exclusion ni discrimination, de quelque forme que se soit en écartant les membres appartenant au RCD. Le gouvernement annoncé ne correspond pas aux exigences, pour lesquelles s'est sacrifié le peuple tunisien, et qui ne répond pas aux exigences de l'étape, qui suppose de "mettre à l'écart tous les membres inféodés à l'ancien régime", a précisé le conseil. La même position a été exprimée par le Chef historique du parti "Congrès pour la République" (interdit), Moncef Merzougui, qui a appelé à la formation d'un gouvernement d'union nationale de transition incluant toutes les formations politiques à l'exception du RCD en vue d'organiser des élections "libres, justes et transparentes". Il a suggéré la désignation d'une personnalité nationale indépendante à la tête du ministère de l'Intérieur pour superviser ces élections tout en rejetant une éventuelle supervision par le ministre actuel eu égard à son appartenance politique "pour faire face à tout marchandage au détriment des intérêts du peuple", a-t-il dit. Par ailleurs, plusieurs manifestations et marches ont eu lieu dans différentes villes tunisiennes notamment la capitale pour dénoncer notamment la reconduction de ministres de l'ancien régime dans le nouveau gouvernement notamment pour les portefeuilles sensibles tels la Défense, l'Intérieur et les Affaires étrangères. Les manifestants demandent également la dissolution du RCD, estimant que le peuple tunisien avait consenti d'énormes sacrifices pour faire tomber l'ancien régime et tous ses résidus. De son côté, le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi a plaidé en faveur des ministres hérités du régime Ben Ali arguant que le pays a besoin de leur expérience pour cette période cruciale de transition.