L'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, a affirmé lundi à Paris que la reconstruction institutionnelle est la seule à même d'assurer la transition politique et sociale dans les pays du Maghreb. "Avant toute élection, il est impératif d'imposer aux consensus actuels dans le Maghreb un nouveau consensus, de faire participer les populations et de contribuer à l'émergence de forces politiques et sociales", a déclaré l'invité du forum de l'Académie diplomatique internationale (ADI). Tout en estimant que le Maghreb est une "idée et non pas un projet", il a affirmé que l'évaluation de la conjoncture actuelle dans la région "impose une réflexion" pour la "reconstruction institutionnelle". Pour réussir une transition dans ces pays, il a appelé à "jouer à la modération, faire adhérer plus de gens à des projets", sans "chercher à organiser des élections coûte que coûte, avant d'avoir dégagé un consensus autour d'une dynamique précise". Il a rappelé, dans ce contexte, qu'il avait demandé en 1990 le report des élections, qui ont permis au FIS (dissous) de les remporter une année plus tard. "J'avais formulé cette demande en étant chef du gouvernement parce que je jugeais qu'on n'était pas encore prêt pour une échéance pareille, mais je n'ai pas été entendu", a-t-il regretté. Lors du débat, l'ancien chef du gouvernement algérien a préconisé un "débat constructif" entre les dirigeants maghrébins pour discuter des "vrais et faux problèmes" existants. Interrogé sur le rôle de l'armée dans le processus de reconstruction maghrébine, il a estimé qu'en Algérie, cette institution "a supporté les frustrations, vingt ans durant, en combattant le terrorisme", au moment où les appareils de l'Etat, a-t-il dit, "n'ont pas pu accomplir leur rôle, tandis que les partis politiques ne constituent pas une force réelle pour construire le pays". Sur l'Union pour la Méditerranée, M. Hamrouche a affirmé être l'un des "premiers militants" à l'avoir soutenue, concédant que "c'est sa perception qui diffère chez les uns les autres ainsi que sa construction qui posaient problème".