Il affirme que nos concitoyens désirent une société libre. C'est par une simple déclaration faxée à la rédaction que l'ex-chef de gouvernement M.Mouloud Hamrouche laisse deviner en filigrane qu'il est partant pour la présidentielle de 2004. Dans ce communiqué d'un feuillet, Hamrouche affirme que les convulsions politiques et la fièvre médiatique qui se focalisent, depuis des mois sur une échéance électorale et une simple question de candidature cachent mal la consommation de l'échec et la consolidation des impasses. Dans cette tension artificielle, indique-t-il, il y a comme une volonté délibérée de faire croire qu'elles recèlent de graves menaces. Ces agissements ont pour finalité d'empêcher la société de s'interroger sur les véritables enjeux et défis auxquels elle est confrontée, de défaire toutes les garanties légales et sociales et de masquer la perversion politique, la régression culturelle et la destruction de l'économie. M.Hamrouche en profite pour dénoncer ces polémiques qui exacerbent les facteurs de division et les régionalismes dévastateurs. En plus, dit-il, elles paralysent les institutions et annihilent l'expression souveraine de tout pouvoir institutionnel. Allant plus loin, M.Hamrouche note que la détresse de nos concitoyens se trouve aggravée par les discours développés qui servent à couvrir des comportements cyniques et opportunistes. Cela est la conséquence d'un statu quo maintenu au prix de l'érosion de la cohésion nationale, du viol des consciences et de l'incitation aux rancoeurs. Faisant sans doute allusion aux luttes internes au parti du FLN, M.Hamrouche note qu'aucun redressement ne peut dès lors s'accomplir ni aucune rénovation se réaliser. Les citoyens et les jeunes désertent les cadres d'expression institués. Le pays encourt les risques de révolte de tous les printemps et de tous les automnes. En d'autres termes, M.Hamrouche entend s'inscrire en faux contre ces luttes de clocher qui menacent la cohésion nationale, et à ce titre, il prétend au rôle ô combien revendiqué de rassembleur et d'unificateur. Sans doute une autre manière de poser le problème de la concorde... En tout cas, M.Hamrouche clame qu'il faut changer de démarche. Refusant sans le dire les candidats du consensus, M.Hamrouche affirme que l'heure n'est plus à la cooptation d'hommes. Elle n'est plus aux transitions-chimères ni aux élections inhibitrices. La cooptation a favorisé, dit-il, les reniements et l'irresponsabilité. La transition a généré des agressions liberticides, les renonciations sociales et la rapine économique. Ensuite il aborde carrément l'élection présidentielle à propos de laquelle il dit que pour être porteuse d'alternative et annonciatrice d'issue, elle devra s'organiser en rupture avec les pratiques et mécanismes enracinés de la fraude. Ceci passe nécessairement par l'organisation d'élections servies non pas par la multiplication de commissions ad hoc de contrôle, changement de ministres ou de gouvernements, mais une administration d'Etat, restaurée dans la plénitude de ses missions, forcément libérée des injonctions, interférences et manipulations qui la dénaturent et dont les agents et commis devront être protégés par la loi pénale contre tout abus hiérarchique ou sanction pour délit d'opinion. Il affirme que nos concitoyens désirent une société libre. Enfin, M.Hamrouche se prononce sur la neutralité de l'armée. En disant qu'il est vital que l'ANP, en décidant de quitter le champ politique demeure partie prenante des mécanismes décisionnels déterminants et des choix stratégiques. C'est à ces conditions, indique-t-il, que la prochaine présidentielle pourra être porteuse d'espoir. C'est à ces conditions aussi, ajoute-t-il, que l'émergence d'une société libre cessera d'être évoquée uniquement en connexion avec des conjonctures électoralistes. Faut-il considérer après cela que M.Hamrouche est désormais entré dans l'arène électorale?