Sa participation, à la commémoration des évènements du 8 mai 1945 à Kherrata, n'a pas échappé aux observateurs. Les grandes manoeuvres en prévision de la prochaine élection présidentielle, sont-elles lancées? La démission de Ahmed Ouyahia et la désignation de Belkhadem à la tête du gouvernement semblent donner de l'«appétit» à des personnalités politiques, qui se placent, d'ores et déjà, en alternative. Le cas Mouloud Hamrouche est le plus en vue. Absent lors de l'élection présidentielle d'avril 2004, l'ancien chef de gouvernement sous Chadli Bendjedid, semble reprendre du poil de la bête, ces derniers mois. L'homme multiplie ses apparitions et déclarations publiques. Il n'hésite pas à s'exprimer au sujet de l'actualité nationale et internationale, allant même jusqu'à mettre le pouvoir et les islamistes sur un pied d'égalité. «Le pouvoir et les islamistes développent le même discours» affirme Hamrouche, à l'occasion d'un séminaire sur le dialogue UE-Maghreb qui s'est tenu le 24 mai dernier à Madrid sous le thème «Du coût du non-Maghreb au tigre Nord-africain». Celui qui s'est toujours revendiqué «enfant du système» est bien placé pour analyser la situation politique et sécuritaire, d'autant plus qu'il fut le premier chef de l'Exécutif post-octobre 1988. Auparavant, sa participation à la commémoration des évènements du 8 mai 1945 à Kherrata, et de surcroît devant un parterre de moudjahidine et d'enfants de chouhada, n'a pas échappé aux observateurs qui ont qualifié l'invitation de «symbolique», puisqu'il était l'hôte de l'ONM et de l'Onec. C'est devant ces organisations que Mouloud Hamrouche n'a pas mâché ses mots en parlant d'échec des réformes et de fermeture des champs politique et médiatique. «J'aurais pu vous rassurer, vous dire que l'Algérie va bien..., mais je ne le ferai pas et vous savez comme moi que les choses vont mal», a-t-il affirmé. Mettant cette occasion historique à profit, Hamrouche estime que «le pays a besoin d'un homme de la stature de Abane pour rassembler toutes ses potentialités». Par ailleurs, dans une conférence donnée à Madrid, Hamrouche a été on ne peut plus clair: «Ce n'est pas la démocratie qui a engendré la violence, c'est l'absence de liberté qui engendre la violence». Pour lui, «les violences» sont les «produits d'une absence flagrante de toute régulation économique, sociale et politique, de tout fonctionnement institutionnel du gouvernement et de tout contrôle légal». La démocratisation des pays du Sud ne réside pas, de l'avis de M.Hamrouche, dans la gestion totalitaire de la situation sécuritaire, mais dans l'ouverture des espaces démocratiques. Des déclarations que d'aucuns perçoivent comme les grands axes d'un programme électoral. A moins de trois ans de l'échéance de 2009, Hamrouche, rompu au contact avec les électeurs, après sa participation à la présidentielle de 1999, l'ancien chef de gouvernement semble défricher le terrain, en abordant des sujets d'actualité nationale et internationale. Multipliant ses déclarations, il ne rate aucune occasion pour critiquer la prestation du gouvernement, la gestion du dossier sécuritaire et la conception de l'ouverture démocratique par le pouvoir. Pour lui, ni le gouvernement et encore moins le Parlement, n'assument leur responsabilité. «Nous avons des ministres, mais point de gouvernement. La liberté de la presse ne sert plus la liberté. La liberté d'expression est une mystification. Nous devons puiser dans l'histoire pour trouver des solutions adéquates.» assène-t-il. La confusion entre le religieux, le politique et l'économique ont, d'après lui, rendu «illisible» la scène politique. Une confusion, qui, selon lui, «est souvent génératrice de pratiques de passe-droits, de corruption et d'abus de pouvoir. Des conditions qui enfantent l'insécurité, créent de l'injustice et génèrent des zones de non-droit». A noter que la dernière apparition de Mouloud Hamrouche était, jeudi dernier à l'ambassade d'Italie, à l'occasion de la célébration de la fête nationale de ce pays. Il était en discussion avec Richard Erdman, l'ambassadeur américain sortant. Qu'est-ce qui fait courir donc Mouloud Hamrouche? Compte-t-il se porter candidat à l'élection présidentielle 2009? Si tel serait le cas, va-t-il le faire en candidat indépendant où serait-il parrainé par ses anciens alliés à l'image du FFS, du MSP et du mouvement El Islah? D'autant plus que le parti de M.Boudjerra Soltani n'a pas encore tranché, s'il soutiendrait la candidature de M.Bouteflika, comme l'ont fait ses partenaires de l'Alliance, le RND et le FLN. Il convient de rappeler qu'à l'occasion de l'ouverture de la session de printemps du MSP, Mouloud Hamrouche était l'invité de ces travaux.