La polémique sur l'avenir du régime républicain occupe de nouveau le devant de la scène en Egypte où des sources informées parlent d'amendement de la constitution à l'effet de réduire les prérogatives du futur président. La commission d'amendement de la constitution installée par le conseil suprême des forces armées examine des propositions à l'effet de réduire les prérogatives du futur président, a rapporté lundi la presse locale. "Des orientations ont été données par la commission chargée de l'amendement de la constitution, sur la réduction des prérogatives du président de la République en conférant la majorité des pouvoirs au peuple", selon la presse qui cite une source du conseil suprême des forces armées qui s'est engagé à "examiner les affaires de corruption révélées dernièrement". Pour le quotidien, "Echourrouk", la commission qui doit achever ses travaux à la fin de cette semaine, selon des sources proches de cette instance, passe en revue la proposition d'amendement permettant d'élire le vice-président de la République en même temps que le Président lors de la prochaine élection présidentielle. Elle étudie également la proposition d'amender radicalement l'article 189 relatif à la proposition d'amendement de la constitution dans le but de priver le président de la République de cette prérogative en la transposant au tiers des membres du conseil du peuple. Après son adoption par le parlement, l'amendement devra être approuvé au moyen d'un référendum populaire. Répondant à certaines revendications de l'opposition de renforcer le conseil par des personnalités civiles, le conseil suprême des forces armées, a précisé la même source, a déclaré que la composante du conseil "ne se limite pas seulement aux militaires mais regroupe des experts et des intellectuels qui sont consultés sur différents sujets avant toute décision", précisant que le conseil "tiendra dimanche une rencontre avec des intellectuels". S'agissant de la loi sur l'état d'urgence, il a déclaré qu'elle "ne sera utilisée que dans des cas de défaillance sécuritaire dont les problèmes politiques et les catastrophes naturelles". Ces informations ont été dévoilées au moment où le débat sur l'avenir du régime républicain en Egypte a pris de l'ampleur. Certains affirment l'opportunité d'un régime républicain parlementaire tandis que d'autres optent pour une république présidentielle démocratique". Des magistrats du conseil d'Etat ont demandé que le travail de la commission ne se limite pas à l'amendement des articles liés aux élections mais aborde l'amendement de l'article relatif à la nature du régime: de "République présidentielle à "république parlementaire". Le conseiller Kamal Lamii, président des tribunaux administratifs et membre du précédent comité constitutionnel a indiqué que cette commission pouvait proposer d'amender le régime en passant du régime républicain présidentiel à un régime républicain parlementaire à condition que ce choix émane du peuple lui-même par voie référendaire régulière. Le changement de régime dans la constitution, a-t-il déclaré, conduira inévitablement à supprimer de nombreux articles qui donnent au président de la République le droit de prendre des dispositions et des décisions exceptionnelles sans recourir aux représentants du peuple. "La rue appelle actuellement au changement de l'actuel régime afin que le président soit un symbole seulement de l'Etat et un arbitre entre les pouvoirs. Le gouvernement élu par le parlement sera responsable de la gestion sous le contrôle du conseil du peuple", a-t-il dit. L'expert du centre Al Ahram, Amr Choubki, qualifie, pour sa part, de "grossière erreur" l'idée de lier la démocratie au régime parlementaire car le régime présidentiel démocratique repose, selon lui, sur l'octroi de larges prérogatives au président de la République mais "pas absolues", ajoutant que ces prérogatives sont soumises au contrôle du peuple. Le problème du régime parlementaire dans un pays comme l'Egypte (connue pour ses problèmes partisans), a-t-il poursuivi, réside dans le fait que le seul souci permanent du premier ministre sera d'éviter le vote de retrait de confiance par le parlement au lieu de se concentrer sur les problèmes colossaux du pays. Le professeur de Droit international Nabil Hilmi a, pour sa part, une position médiane en proposant l'intégration des deux systèmes parlementaire et présidentiel pour la prochaine période. Il conditionne cela par la réduction, dans le même temps, des pouvoirs du président afin de préparer la société à l'exercice de la véritable démocratie au moyen d'élections transparentes des conseils populaire et consultatif.