En prévision de la réunion du Parlement (Sénat et APN) prévue mercredi prochain pour adopter le projet d'amendement de la Constitution, une commission mixte Sénat-APN a été installée hier par Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, loin des projecteurs de la presse, notamment privée. Présidée par Abderrezak Bouhara et ayant comme rapporteur Messaoud Chihoub, vice-président de l'APN, celle-ci est composée des 9 vice-présidents de l'APN et des 5 autres du Sénat, ainsi que des présidents et des membres des commissions juridiques des deux institutions. Cette commission mixte est chargée d'élaborer un rapport sur les amendements proposés et le règlement intérieur de la réunion de mercredi au Palais des nations, à Club des Pins, présidée par Abdelkader Bensalah au titre de président du Parlement. Lors de l'ouverture des travaux de la commission mixte, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a tenu « à apporter quelques précisions » sur le projet d'amendement. Selon nos sources, M. Ouyahia a déclaré que cette révision « ne constitue nullement un recul » par rapport à la Constitution de 1996, alors qu'il était, comble de l'histoire, chef du gouvernement, omettant de fait que Liamine Zeroual, alors Président, avait introduit le principe des deux mandats présidentiels justement pour garantir le principe d'alternance au pouvoir. En déclarant devant les représentants des deux Chambres que « la révision actuelle ne constitue pas un recul par rapport aux libertés acquises par le peuple en novembre 1996 », il se met en porte-à-faux avec ses engagements pris il y a 12 ans. En tout état de cause, les amendements, contenus dans six pages, proposés au débat lors des travaux de la commission mixte constituent un parfait renforcement du pouvoir présidentiel, dépouillant totalement le futur Premier ministre de ses prérogatives. Ainsi, selon ce projet de texte, c'est le Président qui désigne ce dernier, nomme les ministres et met fin à leurs fonctions. Mieux, le Premier ministre ne peut signer de décret exécutif sans l'accord du Président, alors que cette tâche relève strictement du pouvoir exécutif, à savoir le gouvernement. Les autres changements proposés sont presque insignifiants par rapport à l'importance de ceux liés au pouvoir du Président. Il s'agit notamment de l'amendement de l'article 5 de la Constitution relatif aux symboles de la Révolution à travers l'introduction d'un article qui dicte que l'hymne national doit être repris avec l'ensemble de ses couplets, de l'amendement des articles 62 et 31, pour obliger l'Etat à promouvoir l'écriture de l'histoire et son enseignement, et les droits politiques des femmes. Mercredi prochain, sans aucune surprise, le Parlement avec ses deux Chambres appuiera avec acclamations le Président dans sa démarche et lui ouvrira légalement les portes pour un règne sans fin, un pouvoir sans limite et sans partage.