La situation précaire prévalant en Libye était vendredi au centre de réunions urgentes de la communauté internationale qui tente de mettre un terme aux "violentes répressions des manifestations pacifiques" contre le régime du colonel Maâmar El-Gueddafi. En ouvrant une session spéciale à Genève, la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, s'est inquiété de "l'intensification alarmante" de la répression contre la révolte populaire en Libye qui a, a-t-elle ajouté, "peut-être fait "des milliers de morts et blessés". Le mouvement de contestation continue de se répandre de l'ouest de la capitale Tripoli à Benghazi, dans des villes côtières ou proches des côtes. "La répression en Libye contre des manifestants pacifiques s'intensifie de manière alarmante", a déclaré Mme Pillay, dénonçant "une violation continuelle des lois internationales". Au cours de sa réunion, le Conseil des droits de l'homme doit se prononcer en fin de journée sur un projet de résolution réclamant la suspension de la Libye de l'organisation dont Tripoli est membre depuis mais 2010. Le projet de résolution condamne les "violations majeures et systématiques" des droits de l'homme commises dans ce pays, dont des attaques armées visant des civils. En conséquence, le document réclame la suspension de la Libye du Conseil dont elle est membre depuis mai 2010. La Libye avait été alors élue à une large majorité, obtenant 155 voix dans un vote à bulletin secret des 192 membres de l'Assemblée générale de l'ONU. Le texte demande également qu'une commission d'enquête indépendante conduite par l'ONU se rende sur le terrain en Libye pour recenser ces violences qui pourraient être cataloguées comme "des crimes contre l'humanité". Le même projet de résolution exhorte enfin les autorités libyennes à "respecter la volonté du peuple et ses aspirations". La France et la Grande-Bretagne ont proposé au Conseil de sécurité de l'ONU un autre projet de résolution prévoyant des sanctions contre la Libye, et une "saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime contre l'humanité", a déclaré vendredi la chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie. Mme Alliot Marie a précisé que "Paris et Londres ont proposé au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution sur la Libye prévoyant un embargo total sur les armes", "des sanctions", et une "saisine de la CPI pour crime contre l'humanité". Le Conseil de sécurité onusien se réunit à nouveau dans la journée pour débattre justement de la situation prévalant en Libye. Quant à l'Union européenne (UE), elle prévoit d'adopter des "mesures restrictives" pour mettre un terme "aussi vite que possible" aux violences en Libye, a indiqué la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. "Il est temps d'envisager ce que nous appelons des mesures restrictives (visant les dirigeants libyens, NDLR) afin que nous fassions tout notre possible pour mettre la pression maximale et essayer d'arrêter la violence en Libye et permettre au pays d'avancer", a déclaré Mme Ashton. De son côté, l'Otan qui s'est déclaré vivement préoccupée par les troubles survenus en Libye, a appelé à une "réunion d'urgence" des alliés sur la situation dans ce pays vendredi après-midi. "J'ai appelé à une réunion d'urgence aujourd'hui du Conseil de l'Atlantique Nord" qui regroupe les ambassadeurs des 28 pays alliés "afin de discuter de la Libye", a indiqué M. Rasmussen. "Ce qui se passe en Libye nous préoccupe grandement tous. Cette crise dans notre voisinage immédiat affecte les civils libyens et beaucoup de ressortissants des pays de l'Otan", a-t-il ajouté. Par ailleurs, le président Barack Obama a eu jeudi au téléphone des discussions avec son homologue français Nicolas Sarkozy, et les deux Premiers ministres britannique David Cameron et italien Silvio Berlusconi au sujet de la situation dans ce pays. M. Obama "a poursuivi les consultations sur la situation en Libye afin de coordonner les efforts d'urgence pour répondre aux évolutions" de la situation en Libye, indique un communiqué de la Maison Blanche. Les Etats-Unis sont pour la nomination d'un enquêteur spécial sur les éventuels crimes contre l'humanité commis par le régime libyen et l'expulsion de la Libye du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. La répression en Libye "viole les normes internationales et toutes les normes de la décence. Cette violence doit cesser", a averti le président américain dans une déclaration récente, appelant les Nations à "parler d'une seule voix".