Pas moins de sept avocats du Front de libération nationale (FLN) ont été assassinés de 1957 à 1962 par des organisations rattachées aux services spéciaux français ou aux milieux colonialistes extrémistes, dont la Main rouge et l'Organisation armée secrète (OAS). Le premier avocat engagé dans le combat pour l'indépendance assassiné par le colonialisme français a été Me Ali Boumendjel qui fut arrêté à Belouizdad (ancien Belcourt), le 8 février 1957, sur son lieu de travail par les parachutistes. Frère du célèbre avocat du FLN, Ahmed Boumendjel, ce militant de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA), a eu une activité politique intense. Il a collaboré au journal L'Egalité, fait partie des Amis d'Alger Républicain et a été militant du Conseil mondial de la paix. Il fut sauvagement torturé pendant les 43 jours de sa détention, avant qu'il ne soit assassiné, le 23 mars 1957, sur ordre du général Massu, par le commandant Aussares. Ce jeune avocat a été défenestré du 6e étage d'un immeuble abritant un centre de torture à El Biar. Sa mort a été maquillée en suicide. L'avocat Ameziane Ait Ahcene du barreau de Constantine qui s'est mis au service du FLN, dès le début de 1955, et qui a été délégué du GPRA, a été assassiné, quant à lui, le 5 novembre 1958, à Bonn par les services spéciaux français. Son compatriote et avocat au barreau de Paris, Me Amokrane Ould Aoudia, un des premiers membres du collectif d'avocats défenseurs des militants de la Fédération de France du FLN, a été assassiné, à l'âge de 34 ans, le 23 mai 1959. Il a été assassiné par la Main rouge de deux balles de revolver devant la porte de son cabinet à Paris, la veille du procès de 15 étudiants de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA), dont les auteurs de La Gangrène. Me Alphonse Auguste Thuveny, avocat au barreau d'Oran, a été tué dans l'explosion de sa voiture à Rabat au Maroc, survenue le 28 novembre 1958. Son nom figure parmi le collectif d'avocats ayant pris part à la défense d'un grand nombre du groupe des 47 militants de l'Organisation spéciale (OS), dont le procès s'est déroulé au tribunal correctionnel d'Oran, les 12 et 13 février 1951. Il fut également mandaté en 1956 pour prendre la défense de Hadj Benalla, avant qu'il ne soit interné par le préfet d'Oran, Lambert. Son confrère, Me Pierre Popie, avocat au barreau d'Alger, a été arrêté le 13 mai 1958 pour ses activités liées à son soutien à la Révolution algérienne, avant qu'il ne soit libéré quelques temps après. Faisant partie du Groupe des chrétiens progressistes, en tant qu'étudiant, il a fondé en compagnie de son professeur André Mandouze, l'Association de la jeunesse algérienne pour l'action sociale (AJAAS). Haï par les ultras, Me Popie qui appartenait au collectif des avocats qui défendaient les militants du FLN devant les tribunaux, a été lâchement assassiné, à l'intérieur même de son cabinet, à deux pas du Palais de justice d'Alger, le 25 janvier 1961, par un commando de l'OAS. Son successeur, Me Pierre Garrigues, avocat au barreau d'Alger, a été assassiné dans son propre cabinet par l'OAS, en janvier 1962. L'avocat au barreau d'Oran, Me M'hamed Abed, a été assassiné, à son tour, par un autre commando de l'OAS, le 14 décembre 1961, devant le Palais de justice d'Oran. Docteur en droit, il fut l'avocat de Djillali Benguesmia (dit Chadly). Condamné à mort par l'OAS, son cabinet a été plastiqué quatre fois ainsi que son domicile.