Les participants à la deuxième journée des travaux du colloque international sur "La poésie féminine" ont abordé, mardi à Tlemcen, les différents genres poétiques auxquels a recours la femme, dans diverses circonstances sociales, pour exprimer sa joie et ses peines. Saidi Mohamed, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales de l'université de Tlemcen, a évoqué la question de "la chanson féminine bédouine", en déclarant que c'est un cadre cognitif, culturel, psychique, social et politique lié à l'identité de la femme, à la recherche de soi-même au sein d'un système social, culturel et artistique, créé selon une vision masculine. Khenata Benhachem de l'université de Tlemcen a abordé un des modes poétiques, qui distingue la femme tlemcenienne des autres. Il s'agit du "Haoufi", un "récital poétique qui s'adapte avec le cachet urbain de la ville, qui est resté en contact conscient avec la culture andalouse, en matière de poésie et de chant", tout en soulignant que le Haoufi est le beau genre de contact. Fatima Daoud de l'université de Mostaganem a mis en exergue, pour sa part, "le madih féminin", en indiquant qu'il a bénéficié d'un espace large dans littérature arabe à travers les âges et a donné un nouvel art puisé des fredonnements religieux andalous et les "mouachahate" du Maghreb", interprété particulièrement par un groupe de femmes ou "meddahate" dans les cérémonies religieuses comme le Mawlid ennabaoui et les circoncisions. De son côté, Rachida Sebti de l'université d'Alger a évoqué "le genre sahraoui", qui représente un patrimoine poétique oral, chanté par les femmes dans les différentes cérémonies de fêtes, organisées dans la région de Sétif et ses environs, tout en expliquant que ce patrimoine poétique, qui n'a pas été collecté et transcrit à ce jour, est interprété par les femmes sans l'utilisation d'instruments de musique. Selon la même conférencière, ce patrimoine poétique traite de plusieurs thématiques, comme la vie des femmes et leur relation avec l'autre sexe et leurs défis relevés face aux pressions sociales, ainsi que des thèmes liés à la révolution et au nationalisme et autres. Les participants à cette rencontre de trois jours, organisée par le Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire en coordination avec l'université "Abou Bekr Belkaid" de Tlemcen, ont abordé également d'autres genres poétiques féminins, comme la chanson populaire féminine (berceuses) destinée aux enfants. Par le biais de ces poèmes, la mère entraîne l'enfant au langage, selon M. Djelouli Laid de l'université de Ouargla, qui a expliqué que "l'enfant commence à faire la relation entre les mots et les positions et la répétition de la chanson a un rôle dans la construction de son fonds linguistique et éducatif". Les travaux de ce colloque international organisé dans le cadre de la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011", coïncidant avec la célébration de la journée mondiale de la femme, doivent se poursuivre mercredi pour débattre de deux autres axes au programme traitant de l'"Evolution et mutations de la production poétique féminine" et de la "Recherche et valorisation du patrimoine poétique féminin".