La situation reste tendue à Bahreïn où les forces de l'ordre ont lancé mercredi un assaut sanglant contre les manifestants pour les chasser de la place de la Perle à Manama qu'ils occupaient depuis près d'un mois en vue de réclamer notamment des réformes politiques dans le royaume. Dans la matinée, des centaines de policiers de la force anti-émeutes, ont repris le contrôle de la place de La Perle, épicentre de la contestation, après avoir lancé des dizaines de grenades lacrymogènes et tiré également au fusil de chasse sur les protestataires, selon des médias. Selon un bilan donné par l'opposition bahreïnie, trois manifestants ont été tués dans cet assaut, intervenu après la proclamation de l'état d'urgence pour trois mois par le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, qui a sollicité l'appui militaire des pays voisins du Golfe pour l'aider à contenir la contestation contre le régime en place. "La situation est catastrophique. Les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles", a déploré Khalil Marzouk, député du puissant mouvement chiite al-Wefaq. L'assaut de mercredi est également survenu au lendemain de la mort de deux personnes dans des heurts entre forces de l'ordre et manifestants qui dénonçaient, devant l'ambassade saoudienne à Manama, la présence sur le sol bahreïni de soldats saoudiens. Ces heurts avaient également fait 200 blessées, tandis que de 200 autres personnes ont été hospitalisées après avoir inhalé des gaz lacrymogènes, selon des sources médicales. En raison de l'aggravation de la situation dans le pays, les autorités bahreïnies ont annoncé mercredi la fermeture de la Bourse, des écoles et des universités. Le roi a, en outre, chargé le commandant des forces armées de rétablir l'ordre en faisant appel à l'armée, aux forces de police, aux unités de la Garde nationale et à "toute autre force, si cela s'avère nécessaire". ^ De leur côté, l'opposition bahreïnie, dominée par les chiites, et la centrale syndicale du pays, ont réclamé une protection internationale et appelé la population à "la résistance pacifique" face au déploiement militaire. Les dignitaires chiites bahreïnis ont, eux aussi, appelé la communauté internationale et le monde musulman à intervenir pour "protéger les civils" et "éviter un massacre" dans le royaume. A l'étranger, les Etats-Unis ont appelé mardi à une "solution politique" à la crise à Bahreïn, estimant par la voix du porte-parole du Conseil américain de sécurité, Tommy Vietor, que le recours à la force et à la violence "ne ferait qu'aggraver la situation" au royaume. "Toutes les parties doivent maintenant œuvrer pour parvenir à un dialogue qui répond aux besoins de tous les citoyens bahreïnis.", a souligné le porte-parole. De son coté, le département d'Etat a appelé les citoyens américains à éviter de voyager à Bahreïn en raison des "troubles politiques et civils actuels", comme il a recommandé à ses ressortissants se trouvant dans ce pays de le quitter. En visite au Caire, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a, quant à elle, appelé les autorités de Bahreïn à "prendre des mesures maintenant" pour négocier une solution politique à la crise qui a éclaté le 14 février dans ce petit royaume du Golfe. Pour sa part, la Haute Représentante de l'Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, a exprimé mardi sa préoccupation face à la tension croissante au Bahreïn et réaffirmé que "le dialogue est la seule voie pour résoudre l'actuelle crise".