La Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA) compte bientôt se lancer dans la "micro-assurance", un nouveau produit adapté aux besoins des agriculteurs du monde rural, a indiqué mercredi à Alger, le Directeur technique des assurances à la Caisse, Cherif Benhabilès. La population rurale, forte de près de 14 millions d'habitants, soit 40,5% de la population en Algérie, est "dépourvue de toute sorte de protection sociale ou financière ce qui la rend vulnérable face aux risques et peu solvable aux yeux des banques(...) d'où la nécessité d'une telle assurance", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'un atelier de vulgarisation de ce produit. M. Benhabilès a expliqué que la micro-assurance, qui serait, dit-il, opérationnelle dès la fin du troisième trimestre, repose sur "des produits d'assurance indiciaires adaptés aux revenus, généralement bas, des agriculteurs du monde rural". Plus explicite il a ajouté: "Pour le risque de calamité agricole, par exemple, il y aura une micro-assurance calculée sur la base du déficit pluviométrique supporté par un exploitant dans la céréaliculture qui n'a pas réussi à avoir le rendement escompté à cause de la sécheresse". "Le nouveau produit, moyennant des prix modiques voire symboliques, nous permettra d'indemniser les exploitants des zones rurales contre leurs manques à gagner pour leur assurer un revenu minimum", a-t-il poursuivi. Et d'ajouter: "C'est comme il s'agissait de généraliser la twiza et de lui donner un caractère économique". La maladie, le décès du principal soutien de famille ainsi que la perte d'un bien ou d'une propriété suite au vol ou à un incendie, sont les risques auxquels est le plus souvent affrontée la population rurale. Ainsi, les garanties éventuelles à développer par la micro-assurance s'articulent autour de trois groupes: l'assurance de personnes (takaful, santé), l'assurance des dommages sur biens (perte de revenu, récolte) et l'assurance crédit (emprunteur), selon un document de la CNMA. Mais cette nouvelle assurance, même si elle prendra en charge la couverture du volet sanitaire des agriculteurs et de leurs familles, ne devrait pas empêcher "une plus forte implication de la sécurité sociale", a plaidé M. Benhabilès. La création d'un fonds chargé de "subventionner" les primes d'assurance classique de manière à les rendre plus accessibles aux agriculteurs est à l'ordre du jours, a-t-il fait savoir. En 2010, la CNMA a réalisé un chiffre d'affaires de 6 milliards de DA dont 40% provenant de la branche des risques agricoles, selon le même responsable. La caisse a indemnisé des sinistres pour près de 4 milliards de DA, a-t-il ajouté. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du développement rural, Ferroukhi Sid Ahmed a, de son côté, indiqué que la micro-assurance répondrait aux exigences du Projet de proximité de développement rural intégré (PPDRI), qui vise la création de 600.000 emplois à travers la création de 12.000 projets d'ici 2014. Sur 200 milliards de DA alloués annuellement au secteur agricole, dans le cadre du programme quinquennal d'investissement public (2010-2014), un montant de 60 milliards DA/an est consacré au renouveau rural, soit 25% des affectations des autres budgets sectoriels destinées aux espaces ruraux. Le programme sectoriel du renouveau rural s'articule autour de quatre objectifs: la modernisation et la réhabilitation des K'sours et villages, la diversification des activités économiques, la protection et valorisation des ressources naturelles ainsi que la protection et la valorisation du patrimoine rural matériel et immatériel. Ces projets seront élaborés d'ici 2014 autour du traitement de bassins versants, la lutte contre la désertification, la réhabilitation et l'extension du patrimoine forestier, la conservation des écosystèmes naturels et la mise en valeur des terres par concession. L'objectif est d'arriver d'ici quatre ans à toucher 1.169 communes soit 726.820 ménages ou 4 millions de personnes.