Les habitants de la ville de Tamanrasset approchés par l'APS, au lendemain de la mise en service du mégaprojet de transfert d'eau à partir de In Salah, avouent qu'ils ont "encore du mal à y croire". Avec cette spontanéité et cette franchise des gens du Grand Sud, ils concèdent volontiers qu'au début, ils avaient assimilé l'annonce du projet à un "mirage du Sahara" ou un "réconfort pour calmer les habitants de la région dont les besoins en eau se sont accrus". C'est tout aussi volontiers qu'ils admettent aujourd'hui s'être "trompés". "On n'a jamais pensé ni même imaginé un transfert d'eau sur une aussi longue distance", affirment Mohamed Benabdallah (26 ans) et Abdelmalek Leghnedj (22 ans) deux étudiants résidant à la cité Imchoul, pour le premier, et Ksar Fougani pour le second, au chef lieu de wilaya. "Pour être francs avec vous, nous sommes des jeunes qui ne croyons qu'à ce qui est palpable, et combien fut grande notre joie de voir de nos yeux ce projet se concrétiser et arriver aux portes de notre ville dans un délai record", ajoutent-ils. Ils avouent aussi que leur bonheur sera "encore plus grand lorsque sera entamée l'opération de distribution à travers le réseau d'eau potable dont le ministre a promis la rénovation". Mohamed ajoute "espérer seulement que la gestion de cette ressource soit rationnelle et confiée à des cadres compétents, capables de s'assurer que l'eau parviendra à l'ensemble de quartiers de la ville de Tamanrasset dont les habitants n'ont jamais osé rêver voir, un jour, l'eau jaillir de leurs robinets et les débarrasser à tout jamais des jerrycans et des citernes". L'eau est "chère" à Tamanrasset, affirme de son côté Abdelkader Badji (63 ans), un père de 10 enfants rencontré près d'une épicerie de la cité Ksar Fougani en train d'observer un groupe de jeunes s'affairant à nettoyer la cité sous un nuage de poussière. "Ils pourraient épandre de l'eau, leur tâche serait plus facile, mais cette eau est sacrée et on la réserve pour les cas d'absolue nécessité", dit-il, assurant avec amertume qu'ici, l'on dépense en moyenne 4.000 dinars par mois pour les besoins en eau. Une dépense qui se fait souvent "au détriment de certains aliments", assure le sexagénaire, se disant "heureux, optimiste et reconnaissant, comme tous les habitants de cette ville, envers l'Etat qui a pris en charge ce problème posé depuis très longtemps". La sagesse des gens du Sud et les longues années de souffrance lui font même dire qu'il "ne l'intéresse pas de boire de l'eau de robinet, aujourd'hui ou demain, car, après ce qu'(il) a vu de (ses) propres yeux, (il) sait que l'eau, source de vie, est arrivée à Tamanrasset, par la grâce Dieu et par la volonté des hommes, à leur tête le président de la République, Abdelaziz Bouteflika". Azzedine Badi (30 ans), cadre à l'ADE (Algérienne des eaux) à Tamanrasset, indique que les travailleurs ayant activé sur ce projet ont "creusé des roches et affronté la rigueur extrême de la nature de cette région aride". Il ajoute que des hommes "se sont enthousiasmés pour ce projet qui paraissait insensé pour certains, et ont réussi à relever le défi". De nombreuses autres personnes, rencontrées par l'APS, tiennent à saluer les efforts colossaux consentis pour assurer le succès de la première tranche de ce grand projet dont le coût global a atteint 197 milliards de dinars. "Une grande enveloppe pour résoudre un grand problème et rendre vie à Tamanrasset", lance Abdelhamid Biouali, un chauffeur de taxi de 42 ans. Les habitants de Tamanrasset qui ont vu leur rêve ''impossible" se réaliser ont aujourd'hui hâte de voir l'eau couler dans leurs robinets et semblent impatients de bannir de leur quotidien les longues files d'attente et leur quête éreintante des citernes d'eau. Le poète Ahmed Derdouri (74 ans), prend à témoin un groupe de jeunes gens pour lâcher cette sentence de la sagesse populaire : "celui qui attend sera plus heureux que celui qui espère" (L'li yestenna khir men li yetmenna".