Dans dix jours, le problème de la rareté de l'eau ne sera qu'un mauvais souvenir pour les habitants de Tamanrasset qui, par le passé, en ont beaucoup souffert. N'étant alimentés que 3 heures tous les trois jours, les habitants de la capitale du Hoggar sont dans l'obligation d'acheter une citerne de 3 000 litres à 3 000 DA. Avec la mise en eau de la première partie de ce projet du siècle par le ministre des ressources en eau lors de sa visite hier à Tamanrasset, le calvaire des populations de la région a touché à sa fin. Dans un premier temps, quelque 50 000 m3 seront accordés pour la ville de Tamanrasset dont les besoins sont de 30 000 m3. Dans six mois, la quantité d'eau acheminée vers Tamanrasset sera carrément doublée. Elle est largement suffisante pour couvrir, à l'horizon 2050, tous les besoins d'une population de 350 000 habitants. Une précision : M. Sellal n'a pas inauguré ce fameux transfert qualifié de “projet du siècle” mais seulement procédé à sa mise en eau. Avant que la population de Tamanrasset puisse enfin étancher sa soif, les services concernés doivent d'abord faire subir un traitement à cette eau ramenée de la très lointaine In Salah. Mais pour le ministre des ressources en eau, “le problème n'est pas au niveau de la qualité de l'eau mais plutôt des canalisations qu'il y a lieu de nettoyer”. “Le taux de turbidité est de 75%. Dans 36 heures, il baissera à 5%. À ce moment-là, les habitants pourront la consommer sans aucun problème”, explique-t-il. pour que l'eau coule à flots à Tamanrasset, la société Cosider doit accomplir cette mission presque impossible qu'est le maillage de tous les châteaux d'eau de la ville en l'espace d'une dizaine de jours. “Certes, on vous demande quelque chose de difficile mais vous êtes Cosider non”, a lancé M. Sellal, un brin taquin à l'adresse de M. Rekhroukha, P-DG de cette grande entreprise publique. N'y aurait-il pas risque que les canalisations soient endommagées par la pression de la grande quantité d'eau qui sera servie ? “Oui ! On a déjà fait quelque 65 réparations sur le réseau AEP”, répond sans détour M. Sellal avant de poursuivre : “le problème est que le réseau n'a jamais servi depuis sa mise en place. Nous avons acheminé 5 équipes de l'ADE de différentes wilayas vers Tamanrasset pour s'occuper des problèmes de fuites. La grande vérification se fera avec le lâcher de l'eau qui ne manquera d'occasionner des dégâts.” Il a révélé que son ministère compte lancer une étude pour moderniser le réseau AEP de la ville de Tamanrasset. Elle sera finalisée dans six mois. Pourquoi le département des ressources en eau n'a-t-il pas réalisé cette étude au moment du lancement du projet de transfert ? M. Sellal met cette anomalie sur le compte de la bureaucratie algérienne. Et avant 2014, la ville de Tamanrasset sera aussi dotée d'un nouveau réseau d'assainissement après avoir bénéficié d'une grande station d'épuration dont la mise en eau est rendue effective hier. Il y a lieu de souligner que ce méga projet, lancé en 2008 par trois entreprises chinoises et Cosider, a accusé du retard puisque sa réception était programmée pour décembre 2010. “Avec tous les problèmes, entre autres bureaucratiques, qu'on a rencontrés sur le terrain, il est à se féliciter que le projet soit achevé avec trois mois de retard seulement”, remarque un responsable du secteur au niveau local. Quant à son coût, il est de 197 milliards de dinars. “Il est de loin moins cher que celui d'un projet similaire lancé par un pays voisin (la Libye, ndlr)”, précise M. Sellal. Dernière précision : les pouvoirs publics ont assigné à ce grand projet un objectif stratégique : créer des bases de vie et des petites villes tout le long du tracé de ce transfert et, par ricochet, sécuriser la Transsaharienne.