Une moyenne de 22.000 consultations par an sont assurées par la maison du diabétique de l'établissement public de la santé de proximité (EPSP) "Laâdjouzi" du Ruisseau à Alger, a indiqué mercredi le docteur Abdelhafidh Habitouche, diabétologue au sein de cette structure de santé. "Le nombre actuel de consultations traduit les efforts en matière de prise en charge des diabétiques sachant qu'en 1995, date de son inauguration, la maison du diabétique du Ruisseau n'avait reçu que quelque 3200 malades, mais exprime aussi, hélas, l'ampleur prise par le diabète", précise le Dr Habitouche. Ce spécialiste note que la Maison du diabétique du Ruisseau, seul centre en Algérie où le malade est pris en charge par une équipe pluridisciplinaire, constituait, de ce fait, le point de chute de nombreux malades venant parfois d'endroits très éloignés de la capitale. Il précise qu'outre les spécialistes en diabétologie, l'équipe pluridisciplinaire compte 20 ophtalmologues, 1 neurologue, 2 cardiologues, 9 chirurgiens dentistes, 2 gastrologues et 13 médecins généralistes. "Il est très important de traiter, à temps, toute complication résultant du diabète sucré", souligne d'entrée le Dr Habitouche en guise d'avertissement contre cette grave pathologie parfois sous-estimée car silencieuse. S'agissant des complications liées à l'ophtalmologie, le Dr Habitouche fait savoir que celles-ci peuvent causer la cécité. Les lésions au niveau de l'œil du diabétique sont traitées par un appareil, le rétinographe, ainsi que le laser. Selon lui, une équipe d'ophtalmologues de la maison du diabétique du Ruisseau vient d'être envoyée d'urgence à l'hôpital Maillot (Bab EL Oued) pour se recycler dans le rétinographe et le laser. Au sujet du volet cardiaque, le même spécialiste affirmé qu'un écho-doppler (appareil servant à réaliser un type d'écographie des vaisseaux) était disponible en vue de prévenir des complications des membres inférieurs. "L'irrigation en sang ne se faisant pas rapidement du fait que les vaisseaux du pied sont bouchés, le risque de gangrène, puis d'amputation, s'accroissent rapidement", met en garde le même spécialiste, Le Dr Habitouche a, par ailleurs, fait savoir que de nombreux malades atteints de diabète faisaient l'objet d'un soutien psychologique de la part de spécialistes du centre car tout simplement, "ne supportant pas le fait d'en être atteint", a-t-il fait remarquer. Pour ce spécialiste, les personnes atteintes de diabète doivent réapprendre à mener une bonne hygiène de vie, y compris et surtout de l'exercice physique, et fait remarquer qu'elles doivent connaître les aliments à privilégier d'autant que le changement de vie induit un changement dans les habitudes alimentaires, en évitant les excès de sucre et de gras. Pour ce faire, le Dr Habitouche fait savoir que la maison du diabétique du Ruisseau compte en son sein une équipe de diététiciens dont la mission est d'apprendre aux patients à "se nourrir sans se priver". Il a appelé à lutter contre la sédentarité, en vantant les mérites du sport, soulignant aussi les risques du tabac sur la santé de personnes déjà fragilisées. "Dans l'Algérie profonde, les gens travaillent toujours dans les champs, avec l'activité physique comme partie intégrante de leur vie quotidienne, ce qui n'est pas le cas dans les grands centres urbains où la voiture remplace l'effort physique si nécessaire", note-t-il. Le Dr Habitouche a relevé que pour les personnes atteintes de diabète de type 2, et, dès lors que celles-ci ne parviennent pas à utiliser efficacement l'insuline que leur organisme produit, elles se doivent de contrôler leur condition en combinant activité physique et régime alimentaire. Le Dr Habitouche a mis l'accent sur le fait que la sensibilisation, la prévention et le dépistage doivent être privilégiés dans tout plan visant à lutter efficacement contre le diabète. "Parfois, pour ne pas dire souvent, le malade arrive dans nos services au stade des complications, rendant sa prise en charge des plus lourdes", déplore ce praticien spécialiste.