Le théologien français Jean Marc Aveline, membre du conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux, a estimé, jeudi à Constantine, que "sans dialogue, l'humanité, non seulement s'appauvrit, mais court à sa ruine". Dans une conférence intitulée "Le dialogue interreligieux au service de la paix", organisée à l'université Emir-Abdelkader des sciences islamiques, en présence de l'ambassadeur de France à Alger, le théologien, a plaidé en faveur du dialogue interreligieux et inter-civilisations, en fondant son argumentaire sur les textes sacrés de la chrétienté et de l'Islam, d'écrits de penseurs et d'hommes de lettres et sur son expérience personnelle ainsi que sur l'actualité internationale. La conférence qui a donné lieu à un débat riche et serein n'a pas manqué de déborder sur un sujet d'actualité, en l'occurrence le débat sur la laïcité prévu par le gouvernement français le 7 avril prochain. "Il ne faut pas que la parole de ceux qui ont peur domine le débat public, car ces gens risquent de provoquer des dérapages néfastes à la cohésion de la France", a souligné à ce propos M. Aveline, estimant que la société "n'est pas préparée à ce débat qui risque de tourner court et qui, de surcroit, ne relève pas des compétences d'un seul parti, fut-il majoritaire". "Quand verrons-nous les religions devenir enfin des traits d'union entre les êtres et non plus des raisons supplémentaires de s'exterminer", s'est exclamé, M. Aveline, paraphrasant le romancier Julien Green. Il a observé à ce propos que les vraies difficultés auxquelles sont confrontés les peuples "relèvent moins des différences religieuses que des fossés économiques et des injustices que des dirigeants ont laissé s'installer et grandir, soit entre les peuples soit à l'intérieur même de chaque peuple". Pourfendant "les idéologies du nationalisme et du libéralisme exacerbés" et toutes les formes de fondamentalisme qui sont, selon lui, autant de "barrières entre le rapprochement des Hommes", il a souligné qu'il y a aujourd'hui des "idolâtries qu'il importe de dénoncer car nous savons bien que cette attitude n'est pas réservée au domaine religieux". A des questions sur les structures à mettre en place pour le pilotage d'un dialogue interreligieux plus systématique et continu, M. Aveline qui s'est félicité de l'existence d'une filière de religions comparées à l'université Emir Abdelkader des sciences Islamiques, a appelé à une concertation sur ce sujet qui, a-t-il estimé, ne dépend pas que de lui. Le recteur et des professeurs de l'université Emir Abdelkader ont également rappelé à cette occasion que le département des religions comparées de cette université montre un intérêt grandissant à des sujets comme le dialogue interreligieux et inter-civilisations qui ont fait l'objet de plusieurs recherches et publications.