La démarche du gouvernement pour le traitement du commerce informel, à travers une absorption en douceur de ce fléau, s'est confortée lundi par le soutien des représentants des commerçants, se disant souvent victimes d'une concurrence "déloyale". Lors d'une conférence de presse animée à Alger, le secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans Algériens (UGCAA), Salah Souilah, a tiré la sonnette d'alarme annonçant que le nombre de commerçants exerçant dans l'informel a atteint près d'un million commerçants contre 600.000 à la fin 2010. Avec 1,3 million de commerçants inscrits aujourd'hui au Registre de commerce à travers le territoire national, selon les chiffres avancés par la même source, l'écart entre le formel et l'informel s'affiche en constante diminution. Le porte-parole des commerçants a souhaité que les prochaines assises nationales du secteur du Commerce, prévues en juin prochain, puissent déboucher sur une "feuille de route" pouvant mettre fin à la propagation de ce commerce parallèle. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, avait récemment indiqué qu'un décret interministériel, sous forme de "feuille de route", avait été adressé aux walis pour les encadrer dans la résorption de ce phénomène. Ce document, élaboré par un groupe de travail mis en place en octobre 2010 par les ministères du Commerce et de l'Intérieur et des Collectivités locales, porte sur un traitement en deux étapes. La première étape consiste à recenser l'ensemble des régions et espaces concernés par le commerce informel et à définir le profil des personnes qui pratiquent cette activité. La seconde étape vise à intégrer les commerçants qui exercent dans l'informel en leur dédiant des espaces appropriés et en les inscrivant au Registre de commerce. ''La réussite de cette feuille de route nécessite la conjugaison des efforts de l'ensemble des intervenants'', avait souligné M. Benbada. Réitérant les propositions de l'UGCAA dans ce sens, M. Souilah a appelé à aménager les espaces des ex-Galeries algériennes (EDGA) et "Souks el-fellah", répartis à travers les daïras et wilayas du pays, afin de les consacrer aux vendeurs de l'informel, une démarche qui permettrait, dit-il, d'absorber 80% de ces personnes. Parmi les mesures "proposées" par le département du Commerce, figure l'autorisation des jeunes commerçants informels à occuper des espaces aménagés avant même l'obtention de Registre de commerce. Une exemption fiscale temporaire au profit de ces commerçants pour les encourager à intégrer sereinement le marché formel constitue une autre éventuelle solution, selon M. Benbada. Mais quelles que soient les dispositions à prendre "Il ne s'agira pas de légaliser l'informel mais de le traiter et de l'intégrer à travers plusieurs mesures et facilitations gouvernementales'', avait souligné le représentant du gouvernement. Lors d'un Conseil des ministres tenu en février, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait instruit le gouvernement d'"alléger" les formalités et procédures destinées au transfert du petit commerce informel sur la voie publique vers des sites aménagés, en "concertation" avec les associations et représentants des concernés. "L'UGCAA est prête à contribuer au travail de concertation que comptent engager les pouvoirs publics avec les associations concernées afin d'apporter son aide dans tous les domaines, notamment ceux lié à l'organisation, si l'Etat le lui demande", avait alors assuré son secrétaire général. Quelque 765 sites de commerce informel dans lesquels activent plus de 75.000 commerçants, ont été recensés par le ministère du Commerce.