Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a affirmé dimanche à Alger que la priorité du secteur pour les cinq prochaines années sera de réaliser davantage de projets de proximité visant à assurer l'alimentation en eau potable "jusqu'au dernier foyer". Intervenant lors d'une réunion d'évaluation regroupant les 48 directeurs de wilaya du secteur de l'hydraulique, ainsi que les responsables des agences et organismes relevant du secteur, M. Sellal a souligné que l'amélioration de la mobilisation des ressources a permis de sécuriser l'offre nationale en eau potable et en irrigation. Ainsi, le défi de la disponibilité de la ressource a été relevé à la faveur du programme des grandes réalisations, qui a permis de réceptionner des ouvrages de grande envergures, comme celui des transferts Mostaganem-Arzew-Oran, et In Salah-Tamanrasset, ainsi que les barrages de Beni Haroun, Taksebt ou encore Koudiet Acerdoune, a-t-il poursuivi. Pour le programme sectoriel 2010-2014, le ministre a mis l'accent sur la nécessité de réaliser "des petits projets de proximité qui permettront de raccorder jusqu'au dernier foyer en Algérie pour assurer une distribution juste et équitable de l'eau à travers toutes les régions du pays". Dans ce sens, M. Sellal, qui a constaté des lenteurs dans les procédures de passations de marchés publics du secteur, a précisé que les textes d'application relatifs au nouveau code des marchés publics vont instaurer plus de rigueur et de transparence, mais permettront aussi "d'en finir avec l'immobilisme qui a marqué la gestion et la passation des marchés publics". Il sera désormais autorisé aux maîtres d'ouvrage de procéder à des passations de gré à gré "chaque fois que la nécessité l'exige", indique-t-il, ajoutant que la réalisation de deux projets de barrages a été attribuée selon ce mode opératoire. Il s'agit du barrage de Oued Mellag (Tébessa) d'une capacité de 160 millions de mètres cubes et destiné à couvrir les besoins du futur pôle industriel de phosphate à Ouenza, dont la réalisation a été confiée à la société publique Cosider, ainsi que celui de Teh (Mascara) attribué à Hydrotechnique. Concernant toujours la gestion du secteur, M. Sellal a affirmé que le nouveau code de la commune, qui vient d'être adopté par l'Assemblée populaire nationale (APN), prévoit de nouvelles prérogatives pour les élus locaux en matière de gestion et de contrôle de l'AEP, de l'entretien et de l'assainissement. Le ministre a, en outre, appelé les responsables de son secteur à accorder un plus grand intérêt à l'irrigation, sachant que le secteur agricole consomme jusqu'à 65% de la ressource nationale mobilisée dans le nord. Il a, dans ce sens, insisté sur l'économie et la rationalisation de l'utilisation de l'eau dans l'irrigation des périmètres agricoles. Par ailleurs, le programme du secteur pour les cinq prochaines années, dont une enveloppe de plus de 2.307 milliards de DA (environ 24,74 milliards de dollars) a été mobilisée, porte particulièrement sur la réalisation de nouvelles infrastructures afin de résorber les déficits enregistrés et améliorer les conditions de vie de la population. Ce programme prend aussi en charge le développement de la région des Hauts-Plateaux à travers notamment des transferts des eaux de l'albien du sud vers le nord, les transferts des eaux du barrage de Koudiet Acerdoune vers la ville de Boughezoul et la réalisation d'une digue pour le barrage de Boughezoul. De même, plusieurs actions sont programmées pour constituer des stocks stratégiques par des interconnexions entre les ouvrages de mobilisation notamment au niveau des grands complexes hydrauliques. Sur ce point, le ministre a appelé à l'achèvement des transferts et canalisations liés à ces complexes afin de les mettre en service dans les plus brefs délais. A cet effet, il a cité le cas du barrage de Beni Haroun "surchargé en eau", alors que certains quartiers de Constantine connaissent des perturbations dans l'AEP. Globalement, le programme 2010-2014 consiste en la réalisation, entre autres, de 18 barrages, 6 grands transferts, 14 projets d'adductions, deux grands systèmes d'assainissement, 40 stations d'épuration des eaux usées, la réhabilitation et la remise à niveau des réseaux d'eau potable de 24 villes et d'assainissement de 12 villes, ainsi que l'aménagement et la réhabilitation hydro-agricole sur une superficie de 60.000 hectares. Les impacts attendus de ces actions portent sur l'augmentation à 9,1 milliards m3 de la capacité de mobilisation en 2014 contre 7,6 milliards actuellement, l'augmentation de la dotation quotidienne à 175 litres par habitant contre 168 en 2010. Enfin, le taux de raccordement passera de 93% à 98%, alors que le taux de raccordement au réseau d'assainissement passera de 86% à 98%, selon les prévisions du secteur.