Les partis politiques se sont exprimés diversement sur les réformes annoncées par le président de la République Abdelaziz Bouteflika dans son discours à la nation le 15 avril dont l'amendement de la constitution, la révision des lois sur les associations, les partis, l'Information et la loi sur la promotion de la participation politique de la femme, des cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire. Certains partis estiment nécessaire d'accélérer la mise en œuvre des réformes, de définir un calendrier et les priorités tandis que d'autres partis les rejettent, les considérant soit insuffisantes soit non prioritaires dans la conjoncture actuelle. Le Front de libération nationale (FLN) a affirmé, dans ce cadre, l'importance de définir progressivement les priorités des réformes et en premier lieu la révision des lois avant la tenue des prochaines élections législatives. Pour ce parti l'amendement de la Constitution et l'arsenal des lois soulignées par le président de la République dans son discours à la nation constituent, une "opportunité historique devant concrétiser l'exercice démocratique". Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem a appelé dernièrement lors de la réunion du groupe parlementaire de son parti à l'Assemblée populaire nationale à "s'armer" des conclusions des différents "ateliers du parti", du moins celles qui ont traité des sujets liés aux réformes, et de les "actualiser" conformément aux amendements devant être apportés à Constitution ou les autres lois. Tous les fondements du système démocratique "sont en cours d'examen dans un parlement à majorité FLN", a-t-il précisé, appelant les députés du parti à "se pencher sur ces lois tout au long de l'année et en coordination avec les différentes parties". Le FLN privilégie le régime parlementaire mais considère le régime présidentiel plus approprié pour l'heure. Le FLN propose pour ce qui est de la loi électorale la proportionnelle et insiste sur l'amendement le code de l'information qui doit être au diapason des développements actuels, qui "consacre la liberté d'expression, qui doit être accompagné d'un code déontologique élaboré par des professionnels qui distingue entre l'information, la diffamation et l'offense". Concernant la loi sur les cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire, le secrétaire général du FLN a indiqué "qu"'il fallait distinguer entre les missions électorales et les activités, ajoutant que les organisateurs de ces activités devraient les conférer à d'autres personnes jusqu'à la fin de leur mandant électoral. Pour sa part, le Rassemblement national démocratique (RND) a affirmé sa mobilisation pour contribuer "efficacement" au succès des ateliers de réformes", annoncés par le premier magistrat du pays. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia a appelé samedi les députés, cadres et militants de son parti à entamer une action de proximité pour sensibiliser les citoyens aux résultats positifs qui "découleront de ces réformes au service du pays et des citoyens". Pour ce parti, l'annonce faite par le président de la République "se veut un prolongement du processus de réformes pluralistes déjà engagé par l'Algérie à la faveur de la Constitution de 1989". Le RND soutient la révision du code de l'Information de manière à permettre aux journalistes d'accomplir leurs missions dans les meilleurs conditions tout comme il soutient l'ouverture du champ audiovisuel. Le Parti des travailleurs (PT) a, quant à lui, souligné que le contexte politique actuel exigeait des mesures "audacieuses et effectives" ne pouvant attendre 2012", ainsi que la mise en place d'un agenda portant les mesures et décisions annoncées par le président de la République. Tout en affirmant ne pas mettre en doute les intentions du chef de l'Etat et tout en saluant les points "importants et audacieux" contenus dans son dernier discours, le PT a déclaré qu'il attendait l'annonce de la levée de l'interdiction sur les marches à Alger, la dissolution du parlement et la convocation d'élections anticipées régulières en concrétisation du processus des réformes. "Il n'est pas possible de construire du nouveau avec des institutions anciennes", a-t-il déclaré. Pour les amendements des différentes lois tel qu'annoncé par le président de la République, le PT propose l'ouverture d'un large débat au sein de la société et des médias lourds. Concernant la révision de la Constitution, le PT appelle à associer le peuple et non pas se limiter à la formation d'une commission composée de partis influents et d'experts en droit constitutionnel afin d'"éviter la confiscation de la souveraineté du peuple" et faire de la Constitution une "véritable base". Pour ce qui est du projet de loi organique sur les cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire, le parti estime qu'il s'agit d'une décision positive qui permet d'opérer une séparation entre le secteur des affaires et le mandat parlementaire. Il appelle à des mesures coercitives strictes à l'encontre des lobbies qui serviraient les intérêts des hommes affaires et qui excluraient tout député qui se mettrait au service d'intérêts étroits", rappelant qu'il a rejeté à plusieurs reprises, la politique des quotas pour la représentation de la femme au sein des instances élues. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), a appelé pour sa part, à définir le contenu des réformes annoncées par le président de la République, à en fixer les priorités et à établir un agenda clair pour leur mise en œuvre. Il estime que le discours à la Nation du chef de l'Etat à la nation, comporte une "décision politique courageuse de par le principe", appelant le président de la République à veiller à la mise en exécution de ces réformes. Le MSP estime par ailleurs que le discours du président de la République "définit le cadre général des réformes sans pour autant définir le contenu, la nature et les délais de ces réformes et les garanties pour sa mise en œuvre effective", proposant à cet effet un agenda qui s'étale du 1er mai à fin décembre. Concernant la composante de la commission chargée de la révision de la Constitution, il suggère des experts et compétences en matière de droit constitutionnel en mesure de faire de la prospection sans toucher aux "constantes qui préservent la stabilité du pays et l'identité de la Nation". Le MSP a émis le vœu de voir les réformes englober la dissolution du Conseil de la Nation, soulignant que le mouvement souhaitait que le parlement ne soit constitué que d'une seule chambre. Il a indiqué qu'il était favorable à un système parlementaire "idéal" et "adéquat" pour l'Algérie d'aujourd'hui. Les partis qui remettent en question les réformes annoncées sont le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le FFS a réitère sa position en faveur de l'élection d'une Assemblée constituante pour l'élaboration d'une Constitution viable et entourée de garanties inviolables" et "seule capable, estime-t-il, de réaliser les aspirations démocratiques du peuple". Il a en outre affirmé sa disposition à participer à une réorganisation des forces de l'opposition en un pôle unifié à condition qu'il y ait "une charte politique basé sur des valeurs". Pour le FFS, ce n'est pas tant les textes qui posent problème mais leur application et leur respect par tous. Quant au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), il a rejeté en bloc les réformes annoncées par le chef de l'Etat qu'il qualifie de "replâtrage du système". Le ministère de l'Intérieur et des collectivités locales avait décidé la mise en place de groupes de travail pour l'exécution des décisions contenues dans le discours à la Nation du président de la République. Ces groupes de travail se concerteront avec les représentants des partis politiques et de la société civile, des experts et élus.