Photo : S. Zoheir Par Ghada Hamrouche Seize minutes étaient le temps consacré par le chef de l'Etat pour faire son discours annoncé dès la matinée par l'agence de presse algérienne (APS) et tant attendu par les Algériens depuis son annonce de réformes prochaines. Dans un discours essentiellement politique s'apparentant presque à un discours de fin de mandat, M. Abdelaziz Bouteflika a annoncé le lancement de chantiers de révision tous azimuts. De la révision de la loi électorale à celle de la Constitution en passant par celles sur les partis, le code communal et de wilaya, la loi sur les associations, la loi de l'information, la dépénalisation du délit de presse et l'ouverture prochaine de chaînes de télévision thématiques, le chef de l'Etat semble avoir tracé une feuille de route pour le temps restant de son mandat. Dressant un bilan globalement positif de ses années au pouvoir, le chef de l'Etat saisira l'occasion pour annoncer : «D'importantes mesures seront prochainement prises qui insuffleront un nouvel élan à la gestion de nos programmes et à la dynamisation de l'appareil de l'Etat. Elles viendront conforter la lutte contre la bureaucratie et les dysfonctionnements enregistrés au sein de notre Administration et faire face à toute atteinte aux deniers publics.» Une concertation, selon ses dires, sera «engagée cette année au niveau local avec les citoyens, les élus, le mouvement associatif et l'Administration pour définir les objectifs d'un meilleur développement local et les adapter aux attentes de la population». Sur un plan strictement politique, le chef de l'Etat a rappelé «le pluralisme politique pour lequel le peuple a payé un lourd tribut, sans aide ni assistance de quiconque de par le monde» avant d'avertir quiconque voudrait «réinstaller, d'une façon ou d'une autre, la peur dans les familles algériennes, inquiètes pour la sécurité de leurs enfants ou de leurs biens ou, plus grave encore, l'inquiétude de toute la nation sur l'avenir de l'Algérie, son unité, son indépendance et sa souveraineté nationale». Affirmant sa volonté «d'approfondir le processus démocratique», il dira : «J'ai décidé de parachever cette démarche par un programme de réformes politiques, visant à approfondir le processus démocratique et à permettre aux citoyens de contribuer davantage aux décisions dont dépendent leur avenir et celui de leurs enfants.» S'ensuivra l'annonce de révisions tous azimuts de l'arsenal législatif sur lequel repose le processus démocratique. Révision de la loi électorale, une loi organique sur les cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire introduite en conformité avec la Constitution, la révision de la loi régissant l'activité des associations, la révision du texte fondamental, la loi sur l'information, la dépénalisation du délit de presse et le renforcement du champ médiatique par des chaînes thématiques. Il ne fixera, cependant, aucun échéancier à ces multiples chantiers. De l'ouverture du champ audiovisuel au secteur privé, il n'en sera point question. Un signal auquel s'attendaient la classe politique et la société civile pour mesurer la crédibilité des réformes annoncées. Ce discours politique pourrait éventuellement satisfaire la classe politique mais le sera-t-il assez pour répondre aux aspirations des Algériennes et des Algériens ?