Le plan d'aide financière pour les rebelles libyens, annoncé lors d'une réunion jeudi à Rome du Groupe de contact sur la Libye, a été dénoncé vendredi comme un acte de "piraterie" par Tripoli. Confronté depuis la mi-février à un mouvement de contestation sans précédent, Tripoli a, par le biais du vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm, affirmé que la Libye "est toujours, selon le droit international, un Etat souverain, et toute utilisation des fonds gelés est comme de la piraterie en haute mer". Les propos de Khaled Kaïm, qui considère le Groupe de contact sur la Libye comme "un corps étrange", interviennent au lendemain de l'annonce de la mise en place par ce dernier, d'un "fonds spécial" pour le Conseil national de transition (CNT), organe de la rébellion basé à Benghazi (est). Le fonds, qui sera alimenté par des dons et des prêts internationaux puis en partie par les avoirs libyens gelés aux Etats-Unis et en Europe, sera "opérationnel dans les prochaines semaines", selon le chef de la diplomatie française Alain Juppé dont le pays a été le premier à reconnaître le CNT . Outre le soutien financier aux rebelles, le Groupe de contact sur la Libye -- qui comprend notamment les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, le Qatar et la Jordanie, ainsi que des organisations internationales, dont l'ONU, et l'Otan -- a, au cours de sa réunion de Rome, la deuxième du genre après celle de Doha (Qatar), examiné les moyens de parvenir "le plus vite possible" à un cessez-le-feu. Dans ce contexte, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, qui a pris part à la réunion de Rome, a estimé "réaliste" qu'il (cessez-le-feu) puisse intervenir "d'ici quelques semaines", et plaidé pour "un processus politique sans Maamar El-Gueddafi". L'opinion de Frattini, dont le pays reconnaît lui aussi le CNT, a été partagée par la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. L'appel à la démission du dirigeant libyen, a été qualifié jeudi d'"immoral" et d'"illogique" par Tripoli. Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen, a exhorté la communauté internationale à "écouter plutôt les chefs tribaux" qui ont appelé, jeudi lors d'une réunion à Tripoli, à un "dialogue national global", insisté sur l'unité des Libyens, et mis en garde contre toute "intervention terrestre" dans leur pays, selon l'agence de presse libyenne, Jana. Les chefs tribaux ont également rejeté "toute ingérence étrangère" dans les affaires internes de la Libye, et réaffirmé leur loyauté au colonel el-Gueddafi, au pouvoir depuis 42 ans, selon la même source. Le conflit libyen continue de susciter la préoccupation de plusieurs pays tels que la Russie et la Chine qui ne participent pas au Groupe de contact sur la Libye. Par la voix de leurs ministres des Affaires étrangères, la Russie et la Chine ont réaffirmé leur opposition de principe à "toute ingérence et a fortiori à une intervention terrestre". "Nous avons convenu de coordonner nos efforts pour permettre la stabilisation de la situation et empêcher des développements incontrôlables" en Libye, a déclaré le ministre russe M. Sergei Lavrov, à l'issue d'entretiens avec M. Yang Jiechi. Pour le ministre chinois dont le pays "se prononce toujours contre le recours à la force dans les relations internationales", la tâche la plus importante est d'"obtenir un cessez-le-feu immédiat" en Libye.