Les forces pro-Kadhafi ont attaqué, hier en milieu de journée, le port de Misrata, à 12 km de la ville. Plusieurs roquettes Grad ont touché ce port, seul lien avec le monde extérieur pour cette grande ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli dont les forces pro-Kadhafi ont coupé tous les accès routiers, selon les reporters de presse. Un bateau de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), venu poursuivre l'évacuation des milliers d'Africains bloqués dans la ville, a dû s'éloigner de 2 km au large par mesure de sécurité. Selon des rebelles, il a quitté le port à la demande de l'Otan. Hier, Washington avait estimé que 2 000 migrants africains attendaient encore sur le port alors que 30 000 Libyens avaient fui vers la Tunisie. Selon des journalistes présents dans le port, ils ont mené au moins une frappe. Misrata a connu ces derniers jours de violents combats au cours desquels les rebelles ont repoussé les soldats pro-Kadhafi aux portes de la ville. Roquettes et obus ont plu sur la ville, apparemment au hasard. Explosions et combats ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés depuis vendredi dernier. Sur le plan diplomatique, la situation n'est guère meilleure. Le commissaire pour la Paix et la Sécurité (CPS) auprès de l'Union africaine, Ramtane Lamamra, a affirmé hier depuis Addis-Abeba que la zone d'exclusion aérienne et les frappes militaires menées par les forces de l'Otan en Libye n'ont pas résolu la crise dans ce pays. «L'adoption d'agendas d'autres parties non africaines en Libye a eu un effet négatif sur la mise en œuvre de la feuille de route proposée par l'Union africaine (UA) pour résoudre cette crise», a déclaré M. Lamamra lors de la réunion ministérielle du CPS, qui se tient au siège de l'UA à Addis-Abeba, pour examiner la crise libyenne à la lumière des conclusions de la réunion, la veille, du comité ad hoc de l'organisation panafricaine. Le commissaire africain a fait également état de tentatives visant à écarter toute solution africaine à la crise libyenne, notamment en ce qui concerne l'application de la feuille de route de l'UA en temps opportun et en concordance avec les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU. Le plan africain, qui souligne aussi la nécessité «de la coopération des autorités libyennes concernées pour faciliter l'acheminement diligent de l'assistance humanitaire aux populations dans le besoin et de la protection des ressortissants étrangers en Libye», a été accepté depuis fin mars par le régime du colonel Mouaammar Kadhafi. Les rebelles basés à Benghazi (est de la Libye) et représentés par le Conseil national de transition (CNT) semblent toujours tergiverser, en disant, lors de la réunion du comité ad hoc de l'UA, lundi dernier à Addis-Abeba, que le plan de paix africain «est à l'étude». L'autre partie sur ce dossier est le groupe de contact. Ce dernier annonce une prochaine réunion sur la Libye pour jeudi 5 mai à Rome. L'Italie, ancienne puissance coloniale de la Libye et ex-partenaire privilégié, a annoncé dimanche soir son accord pour mener des «actions ciblées» contre des «objectifs militaires spécifiques sélectionnés sur le territoire libyen». La précédente réunion du groupe de contact s'était tenue à Doha, capitale du Qatar, l'un des trois pays à avoir reconnu le Conseil national de transition (CNT), représentant l'opposition au régime du colonel Mouammar Kadhafi, comme interlocuteur légitime de la Libye, avec la France et l'Italie. La semaine dernière, en annonçant cette réunion sans en préciser la date, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, avait indiqué que la rencontre aurait pour objet d'aider les rebelles libyens à commercialiser le pétrole sur le marché international. L'éventuelle fourniture d'armes aux rebelles devrait figurer également au menu des discussions. Ce groupe, mis en place à Londres fin mars, comprend des pays occidentaux comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, des pays arabes, notamment le Qatar, la Jordanie et le Maroc, et des organisations internationales, dont l'ONU, la Ligue arabe et l'Otan. G. H.