PARIS- Des centaines de personnes issues d'une cinquantaine d'associations dont la Ligue des droits de l'homme et de partis politiques se sont rassemblées dimanche à Paris pour dénoncer la "politique du pilori et contre la xénophobie", en France. Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire "contre les victimes du racisme" et "non aux violences policières", les participants comptaient rendre hommage à Brahim Bouarram, un jeune marocain tué un certain 1er mai 1995 par des " mains criminelles qui venaient de quitter un défilé du Front national ". Pour M. Dubois, de la Ligue française des droits de l'homme (LDH), seize ans plus tard, les discours de stigmatisation, de discrimination et de rejet de l'autre ont fait tache d'huile. Lisant un appel des associations à l'origine de rassemblement, il a regretté que "Le Président de la République lui-même a osé montrer du doigt les Rom en les accusant de délits qu'ils n'avaient pas commis, demander que les Français naturalisés aient moins de droits que les Français de naissance, valider l'équivalence lepéniste entre immigration et insécurité". Disant, au nom des associations participantes, "ne plus supporter que la République soit ainsi défigurée, la laïcité instrumentalisée au service de la stigmatisation de millions de nos concitoyens, la xénophobie banalisée dans les propos de ministres et de députés qui prétendent parler en notre nom à tous", il a appelé à un autre rassemblement le 14 juillet, jour de la fête nationale, pour "mettre un terme à la xénophobie" et "le retour de La République". Dans un appel distribué à l'occasion, les organisateurs estiment qu'il est "temps de dire (leur) refus de cette dérive dangereuse, de faire barrage à la lepénisation des esprits et des politiques " et " barrer la route aux idées de haine qui ont tué Brahim Bouarram". Les participants se sont par la suite dirigés, dans une marche silencieuse, vers les berges de la Seine dans laquelle fût jeté le corps de Brahim, pour un recueillement. A la tête du cortège, qui déployait une large banderole sur laquelle était écrit "pour une justice exemplaire contre les crimes et les actes racistes", Said, le fils de Brahim, avait du mal à contenir son émotion. "Ce rassemblement est plus que symbolique pour tous ceux qui chérissent Brahim. Il est le seul souvenir qui me fait rappeler mon père", a-t-il confié à l'APS. Dans la matinée, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait déposé une gerbe de fleurs au pied de la plaque commémorative inaugurée en 2003 sur le pont du Caroussel, surplombant la Seine, en hommage de la "victime du racisme" que fut Brahim.