ALGER- L'historien algérien et militant de la cause nationale, Mouloud Gaid, était un intellectuel aux multiples facettes qui a laissé un legs "inestimable" dans le domaine de l'histoire de l'Algérie, ont souligné des intervenants lors d'un l'hommage au défunt, organisé mercredi par le Haut commissariat à l'Amazighité (Hca). Dans une allocution d'ouverture, un directeur central au Hca, El Hachemi Assad, a indiqué que cet hommage, au Forum d'El Moudjahid, s'inscrit dans une démarche de "réhabilitation" des figures de l'histoire algérienne. Il a préconisé l'organisation d'un "colloque d'envergure académique" pour mieux faire connaître la vie et l'oeuvre de Mouloud Gaid. Il a aussi appelé à rééditer les oeuvres de cet intellectuel afin de permettre aux universitaires d'investir l'immense chantier ouvert par Mouloud Gaid, en matière de recherche historique. Le chercheur en patrimoine culturel algérien et ami du défunt Gaid, Youcef Nassib, a mis en relief les multiples dimensions de cet "intellectuel érudit" qui était, a-t-il dit, d"'une modestie qui force le respect". "Enseignant doué d'une rigueur incomparable, syndicaliste et militant nationaliste au parcours exemplaire, doublé d'un historien à probité intellectuelle irréprochable", a souligné Youcef Nassib. Cet ancien enseignant dans les années 1950, à Ifry (Bejaia) et Guenzet (Bordj Bouarreridj), a été, selon l'intervenant, un pédagogue "chevronné" et enseignant "courageux" dans les années difficiles qu'a traversées l'Algérie. Il a en outre joué un rôle "fondamental" dans la création de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), a rappelé M. Nassib avant de déplorer que ce rôle soit "largement méconnu". "Il était destiné à exercer des responsabilités importantes après l'indépendance, mais il fut victime des aléas de l'histoire", a-t-il précisé. Les qualités d'historien "sans concession" et le courage politique de Mouloud Gaid ont, également, été relevées : "Il disait haut et fort la vérité historique", a poursuivi M. Nassib, estimant que l'Algérie a actuellement besoin de chercheurs de cette stature. Tahar Gaid, frère du défunt, a por sa part mis en relief quelques traits de caractère de cet historien qui plaçait la question identitaire au centre des ses recherches et des ses préoccupations intellectuelles. Il a rappelé qu'il était l'auteur de cinq manuels scolaires d'histoire destinés aux élèves primaire et traduits en à l'Arabe, en 1963, par une maison d'éditions libanaise. Mouloud Gaid, a encore dit l'orateur, refusait tout "fractionnement" de l'histoire de l'Algérie, comme son "amputation de la partie liée à l'antiquité". Parmi les oeuvres de Mouloud Gaid, on retient pas moins de sept volumes intitulés "Les Berbères dans l'histoire", qui constituent une rétrospective depuis l'antiquité à aujourd'hui. M. Chérif Souami, ami du défunt, a, de son côté, mis l'accent sur l'implication "totale" de Gaid dans la restitution de l'histoire des Berbères en Afrique du Nord, citant son engagement au sein du Hca dont il était membre fondateur. M. Souami a également mis en relief l'intérêt manifesté par Mouloud Gaid pour le rôle joué par la femme Berbère à travers l'histoire du Maghreb. Abordant le rôle "important" de Mouloud Gaid dans les rangs des travailleurs durant la guerre de libération, l'intervenant a rappelé les efforts consentis par "Rachid", pseudonyme de M. Gaid, en tant qu'adjoint d'Aissat Idir à la tête de l'UGTA, pour faire admettre la candidature de la centrale syndicale algérienne à la confédération internationale des syndicats libres à Bruxelles en juillet 1956, quelques mois après la naissance de l'Ugta.