ALGER - Le système de quotas pour la représentation de la femme dans les assemblées élues est "l'option disponible actuellement" au regard de la structure sociale et politique de l'Algérie, a indiqué lundi à Alger l'experte juridique Maya Sahli. L'adoption de ce système est motivée par la faible participation de la femme aux partis politiques, a affirmé Mme Sahli dans une conférence organisée par le centre des études stratégiques et sécuritaires sur "le rôle de la femme dans le processus de changement démocratique en Algérie". Il s'agit d'une mesure "transitoire" à l'instar de ce qui se passe dans d'autres pays qualifiés de démocraties séculaires, a-t-elle jouté. La loi organique relative à l'article 31 bis de la constitution qui stipule la promotion de la participation de la femme aux assemblées élues et dont le projet a été achevé en juillet 2009 par la commission chargée de son élaboration permettra, a-t-elle dit, d'activer la participation de la femme au champ politique" notamment dans son volet relatif à la consécration du système de quotas défini à 30 % dans les assemblées élues. Mme Sahli qui faisait partie de la composante de la commission chargée de l'élaboration de ce projet de loi organique, s'est interrogée sur les causes du retard enregistré dans la promulgation de ce texte qui "aura des retombées sur les lois électorales et sur les partis qui seront soumises à la révision". Ce projet de loi oblige également les partis politiques d'adopter le principe d'alternance (femme-homme) dans les listes électorales en sanctionnant les formations politiques qui ne respectent pas ce principe. Cette mesure butera contre plusieurs obstacles, selon Mme Sahli, en l'occurrence la faible ou l'absence totale de la participation féminine dans certaines régions de l'Algérie profonde. Ce problème, a-t-elle estimé, est du ressort des partis politiques qui doivent attirer l'élément féminin et oeuvrer à changer les vieilles mentalités". Pour le moment, a-t-elle précisé, la participation de la femme au champ politique demeure encore "très faible" car limitée en général aux sections féminines relevant des partis qui leur confient des dossiers précis, ce qui "minimise" leurs capacités et les marginalisent. Mme Sahli a insisté, dans ce contexte, sur la nécessité pour les institutions de l'Etat d'appliquer le contenu de la constitution qui consacre le principe d'égalité entre tous les citoyens sans distinction de sexe ainsi que son article 31, déplorant la limitation de la participation de la femme aux assemblées élues au lieu de l'élargir à l'appareil exécutif par exemple. Chalabya El Ayeb a, pour sa part, abordé le volet socio-politique, expliquant les principales causes de la volonté d"occulter" la femme du domaine politique et "l'apparition d'une dualité dans les approches, après l'indépendance, entre une vision conservatrice et une autre émancipatrice qui doit être tranchée". Pour Mme El Ayeb, le changement que l'Algérie envisage impose la participation effective de toutes les catégories de la société notamment celle de la femme considérée comme "l'axe central dans le processus de changement étant plus modérée et plus ouverte à la modernité". La participation effective de l'élément féminin est, pour elle, "une concrétisation de la citoyenneté entière tel que stipulé dans la constitution", une participation qui se réalise à travers "la consécration de l'égalité en politique, l'équité sociale et la dignité humaine".