Si nombre d'intervenants au cours de la journée d'étude sur la promotion de la représentation politique de la femme, organisée par le ministère des relations avec le parlement, ont insisté sur l'implication de cette dernière «pour s'imposer» dans un domaine dominé par les hommes et dont le poids des traditions joue un rôle prépondérant d'autres ont relevé les «acquis» consacrés par la constitution algérienne dans son article 29 qui stipule qu'aucune discrimination pour cause de sexe ne doit prévaloir, et l'article 31 bis qui consacre la promotion des droits politiques de la femme «en augmentant ses chances d'accès à la représentation dans les assemblées élues».Pour ce faire, le système des quotas a été jugé «le plus adéquat» pour notre société. La nécessité de trouver d'autres mécanismes a été également abordée. Dans son allocution d'ouverture, le ministre des relations avec le parlement, Mahmoud Khedri, tout en retraçant le rôle de la femme algérienne, notamment durant la Révolution, a mis en exergue les «efforts de l'Etat» pour la concrétisation de cet «objectif du millénaire» qui revêt un intérêt particulier qui se reflète dans la politique menée par le président de la République qui a procédé à la création d'un ministère chargé de la famille, entre autres. Considérant le renforcement de la représentativité de la femme au sein des assemblées élues comme une «préoccupation», il relève que l'intérêt s'est traduit par l'introduction de l'article 31 bis. Rappelant les différentes conventions signées par l'Algérie et son engagement au plan arabe et africain pour la promotion des droits de la femme, le représentant du gouvernement a insisté sur la nécessité «d'augmenter» la représentativité de la femme, en adoptant le système de quotas «qui est adopté par 74 pays», comme procédure dans la mesure où 6,5% seulement de parlementaires en Algérie sont des femmes contre 13% à l'échelle internationale. Il a cependant relevé avec satisfaction, en citant le rapport du Cnes, la forte présence de la femme notamment dans les secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la justice. Mme Maya Sahli, experte internationale et professeur à l'université d'Alger, a quant à elle développé cette «thématique qui interpelle tous les segments de la société», sous l'angle des «dispositions constitutionnelles». Pour elle, même si l'on assiste à une féminisation de divers secteurs, la représentativité de la femme reste en deçà des espérances. Elle notera la sous-représentation de la femme au sein du gouvernement, des instances exécutives ou élues et des partis politiques. «Un constat d'échec», a-t-elle considéré. Abordant le cas algérien, elle relèvera que les postes exécutifs relèvent d'un mode nominatif (wali, chef de daïra…). Quant au côté législatif, elle notera le manque de femmes dans les assemblées élues. «L'action des partis est à même d'y remédier.» Sur 1541 communes, 2 femmes seulement sont P/APC, a-t-elle regretté. Pour elle, représentativité est synonyme d'effectivité, d'où, a-t-elle suggéré, l'implication de la femme pour arracher ses droits. Dans ce sillage, elle dira qu'il va falloir que la loi organique énoncée dans l'article 31 bis prenne en charge les doléances des femmes et puisse motiver les partis politiques dans ce sens. Dans un autre registre, elle estime que le système des quotas est le plus adéquat pour notre société avec notamment l'alternance dans les listes qu'adoptent certains partis. Un taux faible Pour sa part, Saïd Mokadem, SG du conseil consultatif de l'UMA, a lié la problématique aux droits de l'homme. Relevant une «disparité claire» de la représentativité de la femme au sein des instances politiques, son «écartement» des centres de décision, il considère que malgré une certaine volonté politique au plan arabe d'y remédier, il subsiste beaucoup de contraintes. Etayant ses dires par des chiffres, l'Irak vient, selon lui, en pole position avec un taux de représentativité de 25,5% contre 22,8% pour la Tunisie, 22,5% pour les Emirats arabes unis ou encore 22,1% pour la Mauritanie. L'Algérie vient loin derrière avec seulement 7,7% et une peu reluisante 113e place à l'échelle mondiale. Un «problème» qui n'est cependant pas spécifique aux Etats en développement. Sur 150 présidents élus à l'échelle mondiale, 7 seulement sont des femmes, alors que sur 1022 ministres issus de 195 pays, 91 postes ministériels seulement sont occupés par des femmes. L'intervenant et par ailleurs coordinateur de la journée d'étude a ensuite abordé «l'étendue de la participation de la femme maghrébine dans la gestion de la chose publique et ses exigences.» L'expérience espagnole a été le thème développé par Mme Cecilia Payno du ministère de l'Egalité espagnol, qui a fait savoir que dans le royaume ibérique, le système d'égalité a été adopté en 2007. Une liste électorale, a-t-elle expliqué, ne doit pas comporter plus de 60% d'hommes ou de femmes ni moins de 40% au risque d'être rejetée. Les ONG , les organisations et les partis doivent s'impliquer, selon elle, pour «asseoir» l'égalité. Beaucoup d'intervenants ont par ailleurs mis l'accent sur les divers blocages que rencontre la femme pour accéder aux postes de responsabilité, alors que d'autres ont évoqué un débat global à l'instar de Louisa Hanoune. Tous se sont toutefois mis d'accord sur la nécessité d'accorder à la femme la place qui lui revient de droit.