TLEMCEN - Le savoir-faire des artisans, des paysans et des savants marquant le patrimoine de la Cité des zianides a été mis en relief lors de la première journée du colloque international sur "Les savoirs-faire ancestraux de Tlemcen et de sa région", ouvert samedi au Palais de la culture d'Imama. "L'artisanat est un phénomène social qui fonctionne à l'aide de diverses activités artistiques", a estimé Benabbas Kaghouche de l'université de Constantine dans sa conférence intitulée "L'artisanat dans la médina de Constantine". "Revaloriser son patrimoine artisanal, c'est faire reconnaître son appartenance à la civilisation et affirmer la valeur de son histoire",a-t-elle indiqué, ajoutant que "l'artisanat constantinois qui avait une vocation dans toute la région, est en voie de disparition surtout par la perte des grands maîtres (maalem), détenteurs du savoir-faire traditionnel". Retraçant l'historique de l'artisanat à Constantine, la conférencière a souligné que "la valorisation, la sauvegarde et le développement de l'artisanat d'une région relèvent d'un choix identitaire et les enjeux de tels choix dans les processus de développement demeurent entre les mains des institutions locales". Lui succédant, L'écrivain chercheur Ollivry Florence (France), a analysé dans sa conférence sur "La sériciculture au Proche-Orient" que lorsqu'on évoque la soie, on pense rarement au Proche-Orient et plus exactement à l'Extrême-Orient". Pourtant, a-t-elle observé, "depuis le 11ème siècle, l'art d'éduquer le ver à soie s'est épanoui en Syrie et au Liban". La conférencière a ensuite abordé les facteurs de déclin de la sériciculture dans les deux pays précités avant d'évoquer "la prise de conscience qui a fait qu'au Liban un musée de la soie a été créé pour sauvegarder ce patrimoine, alors qu'en Syrie, une série de mesures a été mise en place pour encourager le secteur séricicole". De son côté, le professeur Houcine Rahoui, de l'université de Tlemcen, a tenté dans sa communication "Origines et caractéristiques du tapis algérien", de faire un éclairage sur les origines établies et probables du tapis et de ses caractéristiques techniques et morphologiques. L'intervenant a suggéré dans ce sens "d'ouvrir un débat et la voie à l'identification de types et variétés de tapis en vue de les mettre en exergue et consolider leurs valeurs socioculturelle, ornementale, esthétique, économique et commerciale". Dans son intervention intitulée "Essai de représentation cartographique du patrimoine culturel", le professeur Taoufik Agoumy du Maroc a relevé que "dans certains pays il existe des Atlas pour la représentation cartographique du patrimoine culturel, cependant rien de pareil n'existe encore au Maghreb". Il a ensuite abordé son expérience dans la réalisation des planches pour représenter le patrimoine matériel et immatériel au Maroc dans le but d'aboutir à l'élaboration d'un Atlas patrimonial. La première journée de ce colloque a été marquée également par la présentation d'autres communications, et par la projection d'un film documentaire intitulé "Savoir-faire paysans et savoirs savants", réalisé par le professeur Nadir Marouf. Les travaux de cette rencontre se poursuivront dimanche par la présentation d'une série de conférences s'articulant autour, notamment, de "L'architecture et développement durable", "La céramique islamique à lustre métallique, un savoir-faire technique", "Un style en déclin : la construction en pierres dans les Aurès", en plus d'autres communications qui seront animées par des universitaires algériens et étrangers.