TEBESSA - Dans la région de Ouenza (80 km au nord de Tébessa) "Cherbet El Hendi", une boisson à base de jus de figues de barbarie, est le breuvage le plus prisé pendant le mois sacré, à l'heure de l'iftar ou tout au long de la soirée. La prédilection pour ce "nectar" semble s'accroître en ces ultimes journées de jeûne (qui coïncident avec la profusion du fruit de l'opuntia) en dépit de la rude concurrence du foisonnement de marques de boissons gazeuses et de jus de fruits, qu'ils soient produits localement ou importés. Abdelhamid B., mineur de son état, assure que les vertus désaltérantes et nutritives de "Cherbet El Hendi" sont "indéniables" en raison notamment de la bonne teneur en glucose du fruit. "Elle apporte, soutient-il, une sensation de fraîcheur qui fait beaucoup de bien après toute une journée d'abstinence, surtout par cette chaleur". A Ouenza, la tradition veut que les commerces de vente de glaces et de pâtisseries se mettent, durant le ramadhan, à la préparation de cette boisson qui commence à se généraliser dans toute la région nord de la wilaya de Tébessa. "Cherbet El Hendi" est préparée à base de figues de barbarie que l'on broie après les avoir débarrassées de leurs nombreuses graines et que l'on parfume ensuite en utilisant, selon le goût, différents arômes, un peu d'eau, du sucre et, parfois, du lait mélangé à du sirop. Cette boisson que l'on trouve "délicieuse", est vendue entre 40 et 60 dinars le flacon de 1,5 litre, soit moins cher qu'une bouteille de jus de fruit de 100 cl. Le jus du fruit de l'opuntia est aussi vendu dans des sachets en plastique dans lesquels l'on plonge quelques boules de glace parfumées selon le goût de chacun. Certains amateurs, soucieux de ne pas en manquer durant les veillées de Ramadhan, s'approvisionnent en bidons de 5 litres, parfois après de longues chaînes d'attente, qui se forment à partir de 17 heures devant les boutiques des commerçants qui ont en fait une spécialité. Bessem, un citoyen de cette région rencontré dans l'une de ces files d'attente, affirme "ne pas imaginer une meïda du ftour, en famille, sans cette fraîche décoction". Il jure en consommer, tout seul, plus de deus litres par soirée !. L'on y va d'autant plus gaiement avec cet élixir que la figue de barbarie a vu son prix chuter considérablement durant ces derniers jours de ramadhan. Elle est actuellement cédée entre 2 et 2,5 dinars la pièce, selon sa forme, sa grosseur et sa couleur, alors qu'il fallait, pour s'en délecter, débourser 4 à 5 dinars. Cela explique que le fruit de l'opuntia (un genre de cactus dont cette région regorge) soit devenu le dessert le plus "couru" par les jeûneurs de Ouenza et de ses alentours. Aujourd'hui, les superficies consacrées à la culture de l'opuntia s'étendent sur 30.000 hectares. L'extension des superficies a été menée par le Haut commissariat au développement des steppes, la direction des services agricoles et la Conservation des forêts. Le but, à l'origine, était de lutter contre l'avancée du désert. Si les effets de cette stratégie anti-désertification ne pourront être évalués qu'à plus ou moins long terme, son impact immédiat peut aisément être mesuré devant les petites échoppes des vendeurs de "Cherbet El Hendi".