CONSTANTINE - La petite communauté turque établie à Constantine a célébré mardi la fête de l'Aïd el Fitr dans une ambiance de piété, de convivialité et de réjouissances, sans le moindre dépaysement. La célébration de cette fête religieuse, marquant la fin du mois de Ramadhan, a donné lieu à une agréable atmosphère de rapprochement entre constantinois et ressortissants du pays d'Atatürk, a-t-on constaté dans la base de vie d'une entreprise turque chargée de la réalisation d'un important programme de logements sociaux à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Profondément imprégnée des valeurs de l'Islam, la communauté turque travaillant et vivant à Constantine dans le cadre de nombreux projets de développement, s'est adaptée à la vie sur le Vieux Rocher "sans la moindre difficulté", affirment des représentants de cette communauté de plus en plus nombreuse dans la wilaya de Constantine. Cette année, les "turcs constantinois", essentiellement des cadres techniques et des artisans dans différents corps du bâtiment, retenus par leurs obligations professionnelles, ont passé le mois sacré et la fête de l'Aïd el Fitr sur le site de leur travail, loin des leurs. Bien que ressentant le poids de l'absence familiale, toujours recherchée lors des fêtes religieuses, la plupart d'entre eux n'a pas trop souffert de l'éloignement, grâce, notamment, aux relations fraternelles tissées avec les algériens. Elégamment vêtus, ces musulmans originaires de Turquie sont arrivés tôt le matin, en groupes, dans la mosquée d'un quartier sud de Ali-Mendjeli où ils ont accompli la prière de l'Aïd aux côtés de leurs coreligionnaires algériens. Les rares personnes qui ont raté, à cause d'une astreinte sur chantier, ce rendez-vous religieux, ont effectué leur devoir vis-à-vis de Dieu sur leur lieu de travail, avec un imam turc qui a dirigé, durant tout le mois de Ramadhan, la prière surérogatoire des "Taraouih" à l'intérieur de la base de vie. Cet homme de religion, chef de chantier de son état, réside dans la ville des ponts depuis plus de 17 mois. C'est la deuxième fois qu'il célèbre cette importante fête musulmane loin des siens, sous le ciel constantinois. Pour ce père de famille âgé de 38 ans, la nostalgie du pays a été "vaincue" par la grâce de "l'esprit de communion et de fraternité qui caractérise les Algériens". Ce même constat est exprimé par Souleymane et Mehmet Ali, tous deux originaires de la ville de Mardin, près de la frontière séparant la Turquie de la Syrie. Les deux hommes, des cousins âgés de 35 ans et de 33 ans, maîtrisant parfaitement la langue arabe, sont visiblement heureux, aussitôt la prière de l'Aïd terminée, autour d'une collation préparée par des familles de leurs collègues algériens. (SUIVRA) "Les traditions turques et algériennes sont très proches et la célébration de ce genre d'évènements religieux, parmi nos frères algériens, nous a permis de revivre la même atmosphère que nous vivons, le jour de l'Aïd dans notre pays natal, à l'exception de quelques détails d'ordre esthétique", soutient Mehmet Ali. "Même le paysage de la ville de Constantine, ses monuments historiques, sa vieille ville et ces ruelles ancestrales qui ressemblent étrangement à des recoins de la Turquie, nous soutiennent et nous réconfortent tout au long de notre absence", ajoute-t-il. Borhane Eddine, directeur des Ressources humaines dans cette entreprise de bâtiment, qualifie l'esprit de communion qui prévaut à Constantine durant cette fête de l'Aïd de "rarissime" dans un monde qui a "terriblement changé". Etabli en Algérie depuis 7 mois, ce cadre préfère de loin l'ambiance de l'Aïd à Constantine à celle qu'il a vécue dans d'autres pays musulmans où il a eu à séjourner. "Les algériens que nous côtoyons quotidiennement nous ont rapidement adoptés et sont toujours très agréables avec nous. Ils satisfont même nos caprices nostalgiques", assure Borhane Eddine, originaire de Tokat, une ancienne citadelle ottomane située au centre de la Turquie. Durant le premier jour de l'Aïd el fitr, en fin de matinée, ils étaient près d'une centaine de turcs à se regrouper dans le foyer de la base de vie où ils ont reçu des visites de leurs camarades algériens et même des voisins résidant dans les quartiers limitrophes. Ce genre de regroupements est "réconfortant", estime Abdelkader qui vient de passer son premier Aïd loin de sa famille. Pour lui, la barrière de la langue n'a guère constitué un obstacle à ce rapprochement entre constantinois et turcs. Globalement, l'ambiance de l'Aïd el Fitr, appelé en Turquie "Ramazan Bayram", fête du sucre par allusion aux aliments sucrés préparés et consommés durant la matinée, n'était ni au dépaysement ni aux relents nostalgiques dans une société qui aime à se montrer accueillante.