ALGER - Les pays du Sahel sollicitent des pays développés "un soutien matériel et des renseignements de qualité" pour lutter "efficacement" contre le terrorisme, a indiqué jeudi à Alger un expert de l'Union africaine (UA). "La coopération des pays extra africains avec les pays du Sahel doit être effective. Nous manquons de moyens matériels et nous savons que l'occident en dispose et peut nous aider ", a déclaré à l'APS le directeur du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) de l'UA, José Madeira, en marge de la Conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme dans les pays du Sahel. Il a relevé que "c'est l'Afrique qui subit les affres du terrorisme en premier lieu, même si les cibles ne sont pas nécessairement des Africains" et que même quand ce sont des étrangers qui sont ciblés, ce sont des Africains qui perdent la vie dans des actes terroristes". "Ceux qui ont les moyens, les équipements et des renseignements précis doivent les partager avec nous et nous avons la capacité de lutter contre ce phénomène, à notre manière ", a-t-il dit. "La lutte que nous menons et la guerre que nous faisons au terrorisme est notre lutte et notre guerre ensemble. Le phénomène du terrorisme est global et il est nécessaire de joindre nos efforts dans cette lutte ", a martelé Madeira. Une rançon payée sauve une ou quelques vies mais en tue davantage Pour Madeira, la question des rançons est "très sérieuse", car "on ne peut lutter contre le terrorisme et le financer en même temps" . Evoquant le dilemme que pose la question des rançons, l'expert africain explique que " les terroristes qui enlèvent des étrangers, généralement des Occidentaux, demandent des rançons à ces derniers parce qu'ils savent que les Africains n'ont pas de ressources". Certes, le paiement de rançons vise à sauver une ou quelques vies, il se trouve cependant, qu'il a des " répercussions néfastes car les millions de la rançon servent à tuer des dizaines, voire des centaines d'autres personnes". Il a, à ce propos, insisté sur l'importance de criminaliser le paiement de rançons et d'instaurer des sanctions "sévères". "Que ceux qui savent où se cachent les terroristes nous le disent" Madeira, a par ailleurs, appelé les pays en possession d'informations sur les "cachettes" des terroristes à livrer leurs secrets afin de faciliter la lutte antiterroriste. "Que les pays qui savent où se trouvent les terroristes, nous disent exactement où ils se cachent. S'ils peuvent nous aider à frapper les terroristes dans leurs cachettes, qu'ils le fassent, car nous voulons le faire nous même", a-t-il dit. Il a expliqué que les pays africains ne veulent pas voir les interventions de l'Occident servir d'alibi pour les organisations terroristes pour "frapper davantage". L'expert a relevé à cette occasion que les partenaires de l'Afrique ont affiché "une grande disponibilité à être solidaire avec le continent dans sa lutte anti terroriste". "Ils ont compris notre message", a-t-il assuré. Madeira a, à ce sujet, souligné que l'Algérie "a subi une guerre terroriste depuis longtemps et a capitalisé une grande expérience et elle est sortie victorieuse de cette lutte". "L'Afrique et le monde entier ont besoin de l'expérience algérienne et cette rencontre en offre l'occasion", a-t-il relevé avant de saluer l'Algérie, qui "loin de toute vision égoïste a fait preuve d'engagement en mettant sa capacité de coordination et son expérience au service de la lutte contre le terrorisme".