Quelle que soit leur vraie utilité (simples haltes, garderies ou antichambres de la scolarisation), les crèches ont le vent en poupe à Tizi Ouzou. La part du lion est taillée par le chef-lieu de wilaya qui en compte plus d'une vingtaine. La demande est si importante que cela a immanquablement débouché sur l'ouverture de crèches clandestines, non déclarées et à risques. Le nombre de femmes travailleuses, en augmentation constante, et l'éclatement des modèles de familles traditionnelles en familles antinucléaires ont provoqué une forte demande en ces minicentres de réception d'enfants en bas âge qui libèrent leurs parents à leurs occupations professionnelles. Ainsi, les plus connues et courues par les parents pour y «caser» leur progéniture offrent des prestations en relation avec le développement psychoaffectif de l'enfant (jeux éducatifs, apprentissage de langues, jeux en plein air et… piscine) pour des prix proches de 4000 DA enfant/mois. Un simple étage de villa Pour d'autres et pour le même tarif, seul un minimum y est assuré : repas, goûter et quelques chansons apprises. C'est que certains parents ne sont pas regardants sur la nature des prestations, pris par le temps et la proximité des établissements des lieux de travail ou des domiciles. Pour la seule ville de Tizi Ouzou, qui ne dispose que d'un établissement public de ce genre, la multiplication de ces lieux a été une aubaine pour des dizaines de femmes qui en ont fait leur source de revenus. Un étage de villa ou un appartement (interdit par la réglementation qui régit l'activité) font l'affaire. Et selon le nombre d'enfants et les classes d'âges, des éducatrices (formées ou pas) sont recrutées. En somme, une véritable activité qui s'est développée ces dernières années. Des crèches clandestines Qu'en pensent les parents ? Mohamed, fonctionnaire, se dit satisfait de la crèche où il a mis son fils âgé de 4 ans. «Il a changé depuis qu'il y est. Il a appris beaucoup de choses, des chansons, le dessin, parler en français, et la vie de groupe l'a transformé», dit le père, tout heureux du résultat. Dans la même crèche, située au centre-ville, la mère de deux enfants de 2 et 4 ans vante les mérites de ces établissements. «Je suis enseignante et la crèche me rend d'énorme services. Je ne m'inquiète de rien puisqu'ils sont bien pris en charge et je suis de près leur progression.» La directrice d'une crèche nous apprendra que «ce ne sont pas uniquement les femmes travailleuses qui mettent leurs enfants dans des crèches mais aussi des femmes au foyer (qui peuvent se le permettre) qui veulent faire profiter leur progéniture de nos prestations en matière pédagogique». Mais la médaille a son revers. Des crèches non déclarées activent aussi et reçoivent des enfants au milieu de nombreux risques : endroit non conforme, alimentation non contrôlée, absence de qualification des «patronnes», etc.