Photo : Riad Par Amel Bouakba Trouver une bonne crèche à Alger ou dans une autre ville du pays n'est pas évident. Une grande partie de ces établissements ne répondent pas aux normes requises en matière de sécurité et d'hygiène. Sans parler des moyens pédagogiques et de la qualité de l'encadrement qui y font le plus souvent défaut. Certaines crèches n'ont même pas d'agrément et activent dans l'illégalité. Les tarifs ont augmenté ces dernières années. Ils oscillent entre 6000 et 10 000 dinars, parfois plus, par mois et par enfant. Et cela sans compter les frais d'inscription (entre 4000 et 6000 dinars). Le ministère de la Solidarité nationale et de la famille menace de fermer plusieurs jardins d'enfants qui ne respectent pas le cahier des charges, a-t-on appris. Contactée pour nous donner plus de détails, la direction de l'Enfance de ce ministère s'est montrée, toutefois, avare en informations. En attendant une véritable régulation de cette activité, le calvaire des parents désireux de placer leurs bambins dans une crèche «sûre» continue. «C'est à chaque fois un véritable casse-tête. C'est quasiment le parcours du combattant», nous dit une jeune maman qui vient d'inscrire son enfant de trois ans et demi dans une crèche à Kouba. «J'ai fait le tour de ces structures avant de tomber sur celle qui, à mes yeux, réunit le meilleur rapport qualité prix. Honnêtement, ça n'a pas été facile. Les prix ont flambé et les conditions d'accueil des petits ne sont pas forcément meilleures», explique notre interlocutrice. «J'ai placé l'année passée ma fille dans une crèche publique, sise au 1er mai, laquelle, à vrai dire, n'avait rien d'une crèche», raconte encore cette jeune maman. «Les enfants sont entassés dans une seule pièce. Il n y avait même pas de cour pour jouer, en plus du manque d'hygiène et de sécurité», explique t-elle. Elle ajoute : «Aujourd'hui, je suis contente car j'ai trouvé ce que je voulais. Cette crèche, dans laquelle j'ai placé ma fillette est agréablement aménagée dans un étage de villa. Elle dispose d'un espace réservé pour la lecture, d'un autre pour la restauration et d'un autre enfin pour dormir. C'est l'idéal. En plus, la directrice de l'établissement est une puéricultrice, très à cheval sur la sécurité et l'hygiène.» Le problème du manque d'hygiène se pose avec acuité dans les garderies d'enfants, relèvent certains parents. Celui de la propagation de poux à laquelle leurs enfants n'ont pas échappé est un autre, que déplore une autre maman ayant placé son enfant dans une crèche à Boumerdès. «Ma fille s'est retrouvée les cheveux pleins de ces petites bestioles», s'est t-elle indignée, dénonçant ainsi le non respect des mesures d'hygiène: hygiène corporelle et alimentaire, hygiène des locaux, du matériel et du linge. L'absence de contrôle aggrave d'autant plus la situation. En fait, la plupart des crèches sont défaillantes en matière d'hygiène et ne disposent même pas de médecins. Pis, rares sont les garderies d'enfants qui comptent un pédopsychiatre ou des puéricultrices qualifiées. Les contrôles sanitaires censés être faits régulièrement par les services concernés sont rarissimes, ce qui ouvre la voie à toute sortes de dépassements. L'ouverture de crèches semble être devenu, depuis quelques années, un commerce des plus fructueux. Bien que la loi l'interdise, beaucoup vont même jusqu'à créer des garderies d'enfants dans des appartements. Dans la majorité des cas, l'espace qui fait office de crèche est bien trop exigu. De plus, «rares sont les établissements employant des personnes qualifiées, notamment des puéricultrices sachant être à l'écoute des enfants, les accompagner et répondre à leurs besoins tant affectifs que physiologiques. Comment confier son enfant en toute sérénité dans ces conditions ?», s'inquiètent de jeunes parents. «La crèche ne doit pas être une simple structure de garde; elle doit être aussi un facteur d'éveil psychomoteur», nous disent-ils. «Or, très peu de crèches offrent un environnement adéquat, où l'enfant peut s'épanouir pleinement, apprendre de nouvelles choses chaque jour, développer son langage et profiter d'activités variées», ajoutent-ils. «D'ailleurs, nous avons eu beaucoup de mal à dénicher une crèche au vrai sens du mot», affirment-ils.Le nombre de garderies «informelles» est quant à lui en nette augmentation, notamment dans certaines villes qui accusent un manque de crèches. C'est le cas, par exemple, de M'sila qui compte dix garderies seulement. Dans cette wilaya, une vingtaine de crèches et jardins d'enfants réalisés au titre du programme de développement des Hauts Plateaux sont encore fermés. Et pour cause : «les communes n'arrivent pas encore à trouver des formules pour les mettre en exploitation», indique t-on. En attendant, que ces crèches ouvrent enfin, les parents n'ont d'autres choix que de confier leurs chérubins aux garderies «clandestines», créées à domicile par des femmes au foyer, au prix de 5000 dinars le mois. Le ministère de la Solidarité promet quant à lui de mettre de l'ordre dans les crèches afin qu'elles soient un lieu d'accueil où l'enfant puisse vivre, grandir et s'épanouir dans un environnement harmonieux, sécurisant et créatif.