ALGER-Plus de 10 millions de tonnes de déchets municipaux solides (DMS) sont générées annuellement en Algérie, selon un rapport de 2011 de l'Agence nationale des déchets (AND). En 2010, la quantité de déchets municipaux solides en Algérie, qui compte quelque 35 millions d'habitants, a atteint les 10,3 millions de tonnes, précise l'AND dans le document intitulé "La gestion des déchets en Algérie". Un Algérien produit quotidiennement en moyenne 0,85 kg de déchets solides et cette production avoisine 1,2 kg dans la capitale Alger, relève le rapport, qui précise que la collecte des DMS atteint les 85% en zones urbaines et 60% en zones rurales. Les déchets municipaux solides sont composés notamment de matières organiques (61,7%), de plastiques (11,9%), textiles (11,3%), papiers (9,2%), métaux (2,5%) et verres (1,3%), ajoute l'AND citant une enquête réalisée par les services du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement. Environ 80% des déchets municipaux solides sont déversés dans les décharges, 15% mi s dans des centres d'enfouissement technique (CET) et seulement 4 à 5% sont recyclés. Selon l'AND, "de réels handicaps et obstacles empêchent la gestion des déchets de s'articuler dans les meilleures conditions d'harmonie et de cohérence". Il s'agit notamment de "l'hétérogénéité de l'intervention des différents acteurs qui évoluent en rangs dispersés usant de procédés, de techniques et de comportements antinomiques entraînant des dysfonctions et des déséquilibres à tous les niveaux". "Le caractère limité de la compétence locale, régionale ou nationale a entraîné le recours par les décideurs locaux à des procédés approximatifs et l'acquisition d'équipements motorisés et non motorisés inadaptés", précise l'AND, relevant une "réelle absence" de capitalisation de formation et "le peu d'intérêt manifeste" des élus aux problèmes liés aux déchets. Selon le rapport, la production annuelle des déchets ménagers solides dépassera, en 2015, les 12 millions de tonnes et approchera les 17 millions de tonnes en 2025. Les déchets spéciaux dangereux cartographiés En plus des déchets ménagers, l'Algérie a accumulé aussi "un retard" dans la gestion des déchets industriels et spéciaux dangereux (produits phytosanitaires,huiles usagées contenues dans des appareils électriques etc.), selon l'AND. Elle est ainsi confrontée à la production et au stockage d'une quantité "notable" de déchets industriels (production de 2,5 millions de tonnes/an et stockage de 4,5 millions de tonnes), dont les déchets spéciaux dangereux atteignent les 325.100 tonnes/an. Le rapport souligne qu'une cartographie nationale des déchets spéciaux a permis "de quantifier et de domicilier les déchets spéciaux tout en identifiant les principales sources et les différents générateurs". "Les quantités stockées de déchets spéciaux dangereux, en attente d'une solution d'élimination, dépassent les deux millions de tonnes", selon la même source. Manque d'incinérateurs de déchets médicaux Les activités de soins à risque infectieux génèrent, quant à elles, "37.900 tonnes de déchets par an", estime l'AND, qui indique que les incinérateurs existants sont "trop insuffisants pour satisfaire toute la demande". "Sur 178 incinérateurs installés, seuls 131 sont opérationnels dont plus de 70% sont utilisés comme brûleurs", ajoute l'agence notant qu'"une bonne partie de ces déchets se retrouve dans la décharge". Pour l'AND, la gestion de ce type de déchets pose de sérieux problèmes à cause notamment "de la non application de la réglementation et de l'absence d'une définition précise des responsabilités". L'inexistence d'opérateurs prestataires de services dans ce domaine accentue davantage ces difficultés, fait remarquer l'Agence nationale des déchets. Selon le rapport, les capacités de gestion de toutes les sortes de déchets "restent à ce jour relativement faible" que ce soit dans le management, la gestion des centres d'enfouissement technique ou même dans les activités de recyclage et de valorisation. Sur le plan du management, le document précise que "les difficultés apparaissent à plusieurs niveaux dans la gestion des projets, dans le calcul des coûts et dans les futures actions de privatisations". Aux niveaux institutionnel et législatif, l'AND indique que des "insuffisances" apparaissent dans plusieurs domaines de la compréhension et de l'interprétation des lois relatives à la gestion des déchets. Environnement-déchets : L'Algérie compte 3.000 décharges sauvages (rapport) Plus de 3.000 décharges sauvages ont été dénombrées à travers le territoire national, selon un rapport de 2011 de l'Agence nationale des déchets (AND). Ces décharges occupent une superficie de 150.000 hectares situées le plus souvent sur des terres agricoles ou le long des oueds, relève l'AND dans ce document intitulé "La gestion des déchets en Algérie". "Les décharges sauvages sont dans un état d'insalubrité très prononcé et constituent un danger permanent pour l'environnement et la santé publique", affirme l'AND citant une enquête réalisée par les services du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Le rapport indique que la concentration massive de la population algérienne dans le nord du pays (4% du territoire national abrite quelque 65% de la population globale estimée à 35 millions d'habitants) a engendré de fortes pressions sur l'environnement, en particulier en matière de gestion des déchets urbains. "Sur le terrain, cette situation s'est traduite par l'apparition de milliers de décharges sauvages et dépotoirs. D'où les difficultés des collectivités locales à assumer leur responsabilité et assurer efficacement la propreté des villes", note le document. Pour remédier à cette situation, l'AND rappelle que l'Algérie a déjà mis en oeuvre une stratégie nationale de gestion des déchets, en lançant notamment d'importants chantiers de réalisation d'une centaine de centres d'enfouissement technique (CET) de classe 1 dont 42 sont en cours d'achèvement, 32 construits, 27 en phase d'étude et de choix de site et 10 sont opérationnels. Le nombre de décharges contrôlées s'élève, quant à elles, à 102, dont 38 en construction, 18 construites, 27 en phase d'étude et choix de site et 19 en voie de lancement. Deux centres de traitement des déchets industriels (traitement physico-chimique) sont en cours de construction, précise le rapport. A l'horizon 2014, l'Algérie prévoit de réhabiliter 14 décharges les plus importantes à travers le territoire national, tandis que le nombre de CET de classe 2 dépassera 300 et contribuera ainsi à prendre en charge "plus de 75% des déchets ménagers". Un CET est une installation classée, conçue pour réceptionner les déchets et les enfouir dans des casiers étanchéifiés par une géo-membrane, alors qu'une décharge contrôlée est destinée pour les agglomérations de moins de 100.000 habitants et les géo-membranes ne sont pas utilisées. Concernant le coût de gestion des déchets ménagers solides (collecte, transport et élimination), le coût moyen de traitement et d'élimination d'une tonne de déchets se situe entre 1.500 et 2.000 DA. Pour l'agglomération algéroise, le coût de traitement, collecte, transport et élimination est estimée à plus de 4.000 DA/Tonne, précise le rapport.