JIJEL - Des travaux de mise en valeur pour une "première exploitation" d'une jeune futaie, constituant 25% de la subéraie du pays, ont été entrepris en Algérie, a indiqué mardi à Jijel, un responsable de la direction générale des Forêts (DGF). S'exprimant lors de la 2e rencontre méditerranéenne organisée sur le thème "La gestion des subéraies et la qualité des lièges", en présence de chercheurs, de gestionnaires et d'industriels, Chaabane Cheriet a indiqué que la subéraie algérienne "n'est pas vieillissante dans la mesure où des efforts importants ont été déployés pour réhabiliter ce patrimoine". Le même cadre a affirmé que 25 %, sur une superficie de 229.000 hectares, "commencent déjà à entrer en production". Selon ce responsable, tout un programme a été élaboré par la DGF, pour la période 2012-2014 dans la perspective de réhabiliter, de rajeunir et de rendre plus productif le patrimoine forestier algérien. "Troisième producteur mondial en termes de potentiel, l'Algérie accorde une attention particulière à cette richesse naturelle", a-t-il ajouté, soulignant que dans le cadre de la célébration de l'année internationale de la Forêt (2011), la DGF a mis au point un important programme de sensibilisation et d'information ainsi que des actions d'envergure au niveau national. Initiée par l'université de Jijel, cette seconde rencontre qui intervient après celle de Tlemcen, a focalisé ses travaux sur la gestion des subéraies et la qualité du liège, avec une forte participation de chercheurs, gestionnaires et industriels du bassin méditerranéen où le chêne-liège est prédominant (Algérie, Portugal, France, Maroc, Espagne et Tunisie), ainsi que d'un producteur chinois installé depuis trois ans à Jijel-ville. De nombreuses conférences-débats ponctueront cette rencontre qui se poursuivra mercredi dans la bibliothèque centrale de l'université Mohamed Seddik Benyahia autour de la problématique de la subéraie ainsi que sur sa réhabilitation, sa valorisation et son exploitation. L'état des lieux de ce patrimoine ancestral, endémique, montre que "pratiquement toutes les forêts de chêne-liège connaissent plus ou moins les mêmes problèmes, que ce soit par des attaques de ravageurs ou par le vieillissement", a-t-on indiqué. Après la cérémonie d'ouverture, des conférenciers devaient évoquer le marché du liège, l'état actuel et les perspectives du marché et de l'économie mondiale du liège, la problématique de la régression du parc industriel des lièges et les possibilités de leur mise à niveau (cas de la wilaya de Jijel). Le marché chinois et la valorisation du liège méditerranéen et de la poudre de liège dans le traitement des intoxications aux métaux lourds, ont été également abordés. Francisco Carvalho (Portugal, premier producteur mondial de liège), qui a rappelé que le liège est une "industrie d'avenir", a évoqué le potentiel-liège des pays du Maghreb, les actions nécessaires à son avenir et les axes de recherches pour son développement. Zhao Xingang, transformateur de liège installé à Jijel, a estimé pour sa part que dans son pays "le marché du liège s'est considérablement développé ces dernières années". Il a souligné que son pays est un "immense marché au potentiel de consommation et aux besoins de plus en plus croissants en liège, destiné à différentes applications (produits vinicoles, sports et construction). Interrogés par l'APS, des participants à ce séminaire ont relevé "l'importance" des débats. Pour M. Falconi, enseignant-chercheur dans une école d'ingénieurs en France, cette rencontre est une "confrontation enrichissante". De leurs cotés, MM. Boubzari et Zaimèche, transformateurs de produits de liège, basés respectivement à Jijel et El Milia, ont estimé que ce séminaire "permet d'échanger des points de vue, des expériences, des informations et des idées" sur un produit noble. D'autres séminaristes ont souligné la nécessité d'accorder "plus d'attention et d'intérêt" à ce patrimoine aux multiples fonctions, dont certaines sont jugées "vitales" comme les fonctions biologiques, économiques et sociales et, notamment, les aspects relatifs à la biodiversité. Un état de la connaissance de cet écosystème forestier constitue un préalable basique à la gestion durable, a-t-on affirmé. Découverte du "Plagiothrocus amenti", un nouveau venu dans le monde des ravageurs de forêts de liège (universitaire) Le "Plagiothrocus amenti" est un nouveau insecte ravageur de forêts, découvert dans une forêt de Bougâa, dans la wilaya de Sétif, a-t-on appris, mardi à Jijel, d'une universitaire, en marge de la 2e rencontre méditerranéenne sur la gestion des subéraies et la qualité du liège, organisée à l'université. Selon Farida Benia, entomologiste à l'université Ferhat-Abbas de Sétif, cet insecte qui représente un "danger pour la qualité du liège", a été mis au jour, pour la première fois en Algérie, en 2008, dans la forêt de Tarfet, dans la région de Bougâa. Il fait partie des hyménoptères cynipidaes, inféodé au "quercus suber", a-t-elle précisé. Les deux générations découvertes, l'une asexuées et l'autre sexuées, ayant entre 1,5 à 2 mm de taille, sont aussi dangereuses l'une que l'autre, car les premières s'attaquent aux rameaux et les autres, aux feuillages. Ces prédateurs, aussi néfastes que la chenille processionnaire, connue de longue date, sont une sorte de "cancer végétal", a rappelé la chercheuse, précisant que ses travaux se poursuivent pour la mise au point d'un traitement de lutte approprié. Pour rappel, à l'instar de nombreuses autres plantes, le chêne-liège est sujet à des attaque de plusieurs prédateurs (insectes et champignons) dont le lymantria dispar, la fourmi du liège, le cérambyx cedro, le bupreste du chêne, la maladie du charbon de la mère, la maladie de l'encre, considérés comme des ravageurs et des maladies influant, tant sur la qualité que sur la quantité du liège.